Depuis le 14 novembre, une grève reconductible secoue le groupe pharmaceutique Sanofi (95 000 salariéEs, dont 20 000 en France) : 2 500 grévistes sur 16 sites de production et centres de recherche.
Après 400 suppressions de postes en 2021 et le démantèlement de secteurs d’activités, c’est la question des salaires au moment des négociations annuelles obligatoires (NAO) qui a « fait déborder le ras-le-bol ». Pour les patrons, s’il y a « obligation de négocier » il n’y a pas « obligation de conclure ». Notamment chez Sanofi, entreprise du CAC40 qui affiche 8,21 milliards de profit et où les actionnaires ont reçu 41 milliards de dividendes en dix ans. La direction va encore les augmenter de 16 %…
Dix sites en grève pour 10 % d’augmentation en 2023
En revanche, pour les salaires, c’est 3 % ! Les grévistes exigent 5 % rétroactifs pour 2022 et 10 % pour 2023. Dans les AG, la CGT et Sud, en pointe, soulignent que cette augmentation ne représente que 4 % des dividendes promis en 2023 aux actionnaires. Cette grève historique, intersyndicale, affecte les sites de production (Le Trait, Val-de-Reuil, Amilly, Lisieux, Ambarès, Ploërmel, Tours, Neuville-sur-Saône, Sisteron…), mais aussi de R&D (Montpellier). Ceci malgré le lâchage, ici ou là, de la CFDT ou de la CGC. Paul Hudson, DG de Sanofi, fait déplacer des non-grévistes peu expérimentés sur des postes sensibles. Il minimise les blocages tout en menaçant que ces blocages, « irresponsables et illicites, ne seront pas tolérés ».
Contre Sanofric : levée des brevets et répartition des richesses
Car Sanofi soigne d’abord ses actionnaires avant de soigner la population. Sa priorité : produire des profits et non plus des médicaments, distribuer des dividendes et non des vaccins. La pompe à fric des aides publiques (CICE et CIR) turbine à fond, à raison de 150 millions par an. Un système d’extorsion de fonds en bande organisée, que dénonce depuis des années le collectif Anti-Sanofric. En pleine crise du covid, Macron avait claironné que « le vaccin doit être un bien public mondial, extrait des lois du marché ». Des vaccins et médicaments accessibles, au service de la santé des populations, cela impliquerait la levée des brevets pharmaceutiques et la réquisition immédiate de tous les sites de recherche et de production. Et, comme l’exigent avec détermination les grévistes de Sanofi, la répartition des richesses produites, non pas au profit d’une minorité de rentiers, mais d’une majorité de producteurEs et usagerEs. Le médicament n’est pas une marchandise, la santé n’est pas un produit financier, les salariés ne sont pas une variable d’ajustement ! Remettre en cause la propriété capitaliste dans ce secteur pour la placer sous le contrôle des professionnelEs de santé, des salariéEs et des usagerEs, c’est un choix crucial et urgent.