Une enquête récente menée par des journalistes de Libération vient de mettre au jour un scandale particulièrement révoltant...
En Wallonie, près de la frontière franco-belge, il existe bon nombre de centres pouvant accueillir des personnes handicapées. Des handicapés français, mentaux, légers et lourds, autistes, trisomiques : 8 000 dont plus de 1 000 mineurs. Mais, lorsque l’on pousse les portes de certains de ces lieux, on est saisi par un sentiment d’horreur.
Des conditions matérielles épouvantables : moisissures, sols dégradés, fils électriques pendant des murs, chauffage presque inexistant, salles d’isolement proposant des carpettes pour pouvoir s’allonger. Les soins et la nourriture minimum. Le personnel peu formé, en nombre réduit, avec des salaires inférieurs à ceux pratiqués en France. Les journalistes de Libération ont même croisé des personnes nues errant dans les couloirs et des blessés laissés sans soins.
Scandaleux profitsLa législation belge permet à presque n’importe qui d’ouvrir un centre d’accueil pourvu que l’on possède une maison de taille conséquente et que l’avis des pompiers ne soit pas défavorable. Mais, en règle générale, ce sont des groupes privés, comme le groupe Carosse, qui sont à la manœuvre et réalisent de juteux profits. En 2013, 139 établissements étaient recensés, soit 27 de plus qu’en 2012. Qui paye ? La Sécurité sociale française et les conseils généraux, à raison de 163,80 euros par jour et par personne, les établissements belges tentant régulièrement de renégocier les tarifs à la hausse. Tout cela révèle un manque de structures, et ce n’est pas nouveau. Des familles défavorisées se tournent donc vers la Belgique. En 2011, un accord a été signé entre la Wallonie et l’État français pour permettre à des inspecteurs des services de santé français d’effectuer des contrôles. Mais l’ancienne ministre Carlotti a fait savoir qu’il n’existait aucun budget pour ces contrôles ! La nouvelle secrétaire d’état, Neuville, n’a fait aucune déclaration, mais un inspecteur vient d’être nommé dans l’urgence en raison du début de médiatisation de ce scandale. On peut espérer que certains établissements réalisent des travaux d’amélioration de l’habitat ! Cela dit, l’optimisme n’est pas de mise quant à l’éradication de ces traitements indignes infligés à des personnes encore trop souvent considérées comme une sous-catégorie de l’humanité.
Jean-Paul Castels