Les punaises de lit font leur grand retour depuis quelques années, et à la veille de Jeux Olympiques deviennent un problème politique. C’est pourtant d’abord une question de santé publique.
Les punaises de lit avaient presque disparu de nos maisons depuis les années 1950, avec l’utilisation massive du DDT, un insecticide aujourd’hui interdit, responsable de cancers, notamment du sein, de troubles du développement psychomoteur de l’enfant, de pollution de la faune et la flore. Si les punaises font leur retour aujourd’hui, ou plutôt depuis les années 1990, c’est surtout à cause de l’émergence d’une résistance aux insecticides, et de la multiplication des voyages et des transports internationaux de marchandises de la mondialisation, qui font voyager larves et punaises dans les valises, les logements partagés d’Airbnb, les chambres d’hôtel, les objets de seconde main. Le réchauffement climatique semble lui aussi jouer un rôle, plus accessoire, en rendant la période de ponte des punaises plus longue et l’éclosion des œufs plus rapide.
Un grand retour silencieux
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) note que 11 % des ménages français ont connu piqûres, démangeaisons, insomnies, impuissance, honte et dépression, de 2017 à 2022, sans que la presse s’en émeuve. Il aura fallu les menaces sur les JO de l’an prochain, à l’image des JO de Sydney en 2000 qui avaient décuplé l’infestation, pour que les médias se déchaînent. Et que Pascal Praud, sur CNews, s’interroge à voix haute sur l’immigration responsable des punaises de lit. Délire raciste, car on sait que les punaises de lit touchent toutes les couches de la société, qu’il « n’y a pas de lien entre le niveau de revenu d’un foyer et le fait d’être victime d’une infestation ». Par contre, fait important, « le niveau de revenu est un facteur de persistance de l’infestation », comme le souligne le rapport de l’Anses. En effet, traiter vite, facteur de non-diffusion, a bien un coût et un coût important, autour de 900 euros.
Insecticides dangereux et inutiles
En continuant à utiliser des insecticides, on sélectionne les punaises de lit résistantes. Les insecticides sont donc de moins en moins efficaces. Ils favorisent aussi la dissémination des punaises dans les lieux non traités, les autres pièces ou les autres appartements du même immeuble, où elles se retranchent pour échapper au produit. Les insecticides utilisés sont des neurotoxiques, dangereux aussi pour les êtres humains. L’Anses a répertorié, entre 2007 et 2021, plus de mille intoxications liés à ces expositions, dont douze cas d’intoxication grave et un décès. De moins en moins efficaces et de plus en plus dangereux pour la santé des humains et des écosystèmes, ces solutions doivent être évitées.
Une question de santé publique
D’autres solutions individuelles et collectives existent et doivent être privilégiées, comme l’aspiration et le traitement à la vapeur sèche. Information du public pour reconnaître les signes d’infestation, service public de la désinfection pour prendre en charge rapidement, gratuitement et écologiquement l’infestation, obligation de déclaration pour tous les logements collectifs (hôtels, Airbnb…) sont quelques-unes des pistes défendues, notamment par Mathilde Panot, pour faire de ce cauchemar individuel une question de santé publique.