Trouver 20 milliards d’euros pour limiter un déficit qui explose à 154 milliards. Les trouver en s’attaquant frontalement aux dépenses de santé, au financement et au principe même de notre Sécurité sociale. Voilà le pari de Macron et de Bercy, qu’il faut à tout prix bloquer.
Notre système de santé vit déjà un véritable effondrement. Les dettes des hôpitaux et des Ehpad explosent. Les maigres hausses de salaires du Ségur ne sont pas financées par un budget Sécu à + 3,2 %, en dessous de l’inflation. Malgré cela, le gouvernement accélère ses attaques contre la protection sociale, cette part du salaire mise en commun par les salariéEs pour financer un droit à la santé égal pour touTEs.
Hold-up en série : soins dentaires, affections de longue durée…
Le 31 mars, il double les franchises médicales. Un hold-up à 850 millions d’euros. Hier, c’était un autre hold-up à 500 millions d’euros avec la baisse du taux de remboursement des soins dentaires. Sans parler de la remise en cause des arrêts maladie, avec plusieurs centaines de médecins « mis sous objectif » pour contrôler leurs arrêts, ou les menaces sur les remboursements de transports sanitaires. Demain, il envisage de rogner sur le remboursement à 100 % des ALD, les affections de longue durée pour les plus malades, qui représentent 120 milliards d’euros de dépenses, et d’introduire les complémentaires santé dans leur remboursement ! Toujours plus de reste à charge, toujours plus de privatisation de la santé à travers les complémentaires, qui remboursent d’autant moins qu’on est plus pauvre et plus malade, et dont les cotisations vont augmenter de près de 10 % !
Gouvernement et patronat s’attaquent au salaire socialisé
C’est au principe même de la Sécu que le gouvernement envisage de s’attaquer, en accélérant sa fiscalisation. Une déclaration de Bruno Le Maire, en forme de ballon d’essai, envisage de basculer une part des cotisations sociales vers la TVA. Cela reviendrait à baisser encore la part des salaires dans le partage de la création de richesses. Car ces cotisations sont une part de notre salaire, socialisé. Tout bénéfice pour le capital de les réduire ! Tout bénéfice pour les plus riches de les remplacer par la TVA, l’impôt le plus injuste. Un impôt non proportionnel aux revenus, payé essentiellement par les ménages, surtout les plus modestes, qui y consacrent une plus grande part de leurs revenus. Un tour de passe-passe pour nous faire payer par l’impôt ce qui était avant financé par les patrons à travers le salaire socialisé. Une Sécu limitée à un filet de sécurité minimum, voilà ce qu’ils appellent « Remplacer l’État-providence par l’État protecteur ».
Un mouvement d’ensemble pour imposer le 100 % Sécu
Pour les bloquer, il nous faut un grand mouvement, autour de quelques exigences populaires, une mobilisation des personnels, des usagerEs, des salariéEs. Plus de personnels, plus de salaires, plus de médecins, plus de lits pour mieux soigner ! Vite, un 100 % Sécu remboursant, pour touTEs, tous les soins, à 100 % ! Augmenter le budget de la Sécu à la hauteur des besoins, c’est possible en prenant dans les 73 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales patronales. C’est possible en augmentant les salaires, un minimum quand les géants du CAC 40 réalisent sur notre dos plus de 145 milliards d’euros de profits en 2023. C’est possible en réalisant l’égalité salariale hommes / femmes, qui permettrait de dégager 5,5 milliards d’euros de cotisations pour le régime général. La réunion à Paris, le 3 avril, du Tour de France pour la santé à la Bourse du travail, la campagne européenne « La santé avant le marché, changeons l’Europe » seront de nouvelles occasions unitaires de porter ces exigences. Aux capitalistes de payer leur crise, pas à notre Sécu.
Frank Prouhet