Alors que le discours complotiste du gouvernement sur une prétendue « ultragauche » manipulatrice est complaisamment relayé par les grands médias, la mobilisation des opposants à la « réforme » des retraites reste massive.
En dépit d’une certaine lassitude face à la multiplication des journées d’action et aux retenues sur salaires pour fait de grève, ce sont 7 000 personnes qui, jeudi 6 avril, ont défilé à Angers, 1 900 à Saumur, 1 500 à Cholet et plus de 200 à Segré, soit près de 11 000 en Maine-et-Loire.
En début d’après-midi, la version en ligne du Courrier de l’Ouest/Ouest-France titrait sur une manifestation « clairsemée » à Angers. Soit le journaliste utilisait ce qualificatif sans en connaître le sens exact, soit l’article avait été écrit à l’avance, car ce sont des rangs serrés et pas moins de 7 000 personnes qui se sont élancées de la place Leclerc pour le désormais habituel tour du centre-ville, via la sinistre rocade qui le défigure.
Exceptionnelle longévité de cette mobilisation
Au lieu de titrer invariablement sur un nombre qui baisse, les grands médias devraient plutôt souligner l’exceptionnelle longévité de cette mobilisation, et son endurance alors que tant de journées de grève ont déjà été retirées aux grévistes. En fin d’après-midi, le même journal en ligne a titré sur quelques incidents entre une poignée de manifestantEs et la police, laquelle a encore une fois usé de LBD... Cela fait vendre peut-être et surtout c’est censé instiller la peur, mais c’est là aussi passer à côté de l’essentiel : la puissance maintenue de la mobilisation. D’autant que les jeunes ont fait irruption dans le mouvement : une AG de 250 étudiantEs à l’université catholique de l’Ouest (la Catho d’Angers), cela n’a pas dû se voir depuis 1968 !
Construire ce qui ferait définitivement plier le gouvernement reste cependant une tâche urgente. Au-delà de son habituelle (et insupportable) morgue de gamin qui veut toujours avoir raison sur tout, Macron n’a pas tort de souligner « Qu’on n’aille pas m’expliquer que le pays est à l’arrêt. Ce n’est pas vrai ! » C’est effectivement ce qu’il faut faire : mettre le pays à l’arrêt, l’obliger à partir, lui et ses acolytes, et jeter sa “réforme” à la poubelle une bonne fois pour toutes !