Macron a abandonné son projet d’imposer la retraite par points, mais par d’autres méthodes il veut satisfaire le patronat qui trouve en permanence que la part des dépenses sociales est une une « charge trop lourde ».
Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, avait préconisé le 9 juin 2021 une réforme des retraites qui devrait être mise en œuvre juste après la présidentielle et qui consistait à repousser l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Il a ensuite annoncé que l’âge du départ devait être porté à 65 ans. Le chef de l’État a eu les mêmes idées en annonçant une réforme consistant à reporter l’âge de départ en retraite d’abord à 64 ans et ensuite à 65 ans. Curieux hasard !
Une contre-réforme stupide...
L’argument souvent évoqué par le gouvernement pour justifier cette mesure est simpliste : « On vit plus longtemps, donc on doit travailler plus longtemps ! » C’est faire semblant d’ignorer que les patrons n’hésitent pas à licencier des travailleurEs âgés et considérés comme insuffisamment productifs ou « coûtant trop cher ». Retarder l’âge de départ c’est aussi « oublier » que des millions de chômeurEs cherchent du travail tandis que des « vieux travailleurEs » s’usent au boulot. C’est aussi faire preuve de mépris envers les personnes âgées qui ont été licenciées, car souvent considérées comme pas assez « rentables » ou trop souvent absentes parce qu’elles ont été malades. La preuve du ridicule de cette situation : lorsque l’âge légal du départ à la retraite a été porté de 60 à 62 ans en 2011 sous le gouvernement de Sarkozy, le taux de chômage des plus de 55 ans a augmenté de 23 %. Plus l’âge de départ à la retraite est reculé, plus le taux de chômage s’amplifie !
… et injuste !
« À 65 ans on est en pleine forme », prétend Éric Woerth, ancien sarkozyste rallié à Macron, alors que l’espérance de vie varie selon les classes sociales : plus on est aisé, plus l’espérance de vie est élevée. Parmi les 5 % les plus aisés, l’espérance de vie à la naissance des hommes est de 84,4 ans, contre 71,7 ans parmi les 5 % les plus pauvres, soit 13 ans d’écart. Chez les femmes, cet écart est plus faible, huit ans séparent les plus aisées des plus pauvres...
Macron affirme qu’il instaurera des « contreparties » et annonce un montant minimum de la pension pour une carrière complète portée à 1 100 euros à condition d’avoir bénéficié d’une carrière qui ne serait pas hachée en raison du chômage, de la maladie, de l’invalidité... Or après 50 ans près de la moitié des personnes ont vécu cette situation.
Une réunion suspecte : l’Agirc-Arrco sous le régime de la capitalisation ?
La « présidence paritaire » du régime des retraites complémentaires de touTEs les salariéEs du secteur privé organise le 5 avril, en partenariat avec l’institut Molinari, qui se présente comme « un organisme de recherche et d’éducation ayant pour objectif d’influencer les parlementaires, les journalistes et les faiseurs d’opinion dans le but de favoriser une politique économique libérale » un webinaire (séminaire en ligne) intitulé : « Garantir le paiement des retraites à chaque génération ». Il faut être vigilant, l’objectif de cet institut est « d’ouvrir la voie de la capitalisation collective pour un financement durable » car il prétend « qu’une montée en puissance d’une capitalisation collective est nécessaire pour améliorer le rapport qualité/prix du système de retraites et le retour sur investissement pour les cotisants ».
Les propositions du NPA
Les reculs sociaux ne sont ni négociables ni amendables, nous ne voulons ni d’un régime par points, ni de la retraite à 65 ans, ni du statu quo. Il faudra construire un rapport de forces unitaire pour imposer nos revendications constantes :
– La retraite à 60 ans dès 35 années d’activité (travail salarié, formations, études dès 18 ans) et de privation forcée d’activité (chômage, maladie, accidents, maternité…) ;
– La continuité du salaire : le montant des pensions doit être maintenu avec un minimum identique au SMIC revendiqué (soit 1 800 euros net pour le NPA) ;
– Le refus de la ponction de nos pensions par la CSG et la CRDS (contribution au remboursement de la dette) ;
– Des mesures spécifiques pour le rattrapage des pensions des femmes inférieures à celles des hommes ;
– Le refus de la capitalisation, car nous refusons que nos cotisations soient placées en bourse avec le risque de tout perdre comme par exemple les employéEs municipaux de grandes villes des États-Unis ;
– La démocratie sociale : c’est notre salaire dans sa part socialisé qui finance les branches de la Sécurité sociale dont les retraites. Les administrateurEs des caisse de Sécu doivent être élus, et révoqués si nécessaire, par les assuréEs sociaux, et dotés de réels pouvoirs de décision sur les orientations des caisses et leur gestion.