La journée du 13 octobre était programmée dans le cadre d’une semaine européenne de mobilisation organisée à l’appel de la Confédération européenne de syndicats (CES) pour « une augmentation généralisée des salaires, afin de lutter contre l’inflation, et contre les coupes dans les dépenses publiques qui se mettent en place dans l’Union ».
Une initiative illustrée à Paris par la présence de plus de 30 délégations étrangères et de près d’un millier de syndicalistes européens et les dirigeants de la CSI et de la CES.
Des manifestations modestes
L’intersyndicale CGT, CFDT, FO, UNSA, CFTC, CFE-CGC, Solidaires, FSU, avec les organisations de jeunesse, réunies contre la réforme des retraites, appelait à près de 200 actions de rassemblements ou de manifestations dans l’ensemble du pays.
On est évidemment loin des chiffres de manifestantEs présentEs lors des multiples manifestations contre la réforme des retraites. Sur un total de 200 000 manifestantEs (chiffres syndicaux), la répartition géographique est assez large, phénomène qui tend à s’inscrire dans la durée depuis la mobilisation des Gilets jaunes et celle sur les retraites. En ce qui concerne les grandes villes on retiendra les 20 000 manifestanEs de Paris, les 15 000 de Toulouse et les 10 000 de Marseille, 8 000 à Lyon. Ensuite une série de villes au-dessus de 1 000 : Rouen, Caen, Chambéry, Perpignan, Rennes, Le Havre, Strasbourg. Et des cortèges importants (pas loin de mille) à Montauban, Tarbes, Montbéliard, Besançon, Bayonne, Quimper, Brest. Et dans des dizaines de villes, ce sont plusieurs centaines de manifestantEs qui ont affiché leur volonté de s’opposer à la politique gouvernementale et au blocage des salaires. Les forces de l’« ordre » étaient partout très présentes avec des affrontements et des arrestations comme à Strasbourg.
Faiblesse des grèves
Sauf exception peu de cortèges d’entreprise, ceux-ci composés du noyau de militantEs les plus engagéEs dans les syndicats. Si les cortèges CGT restent généralement les plus fournis, on a relevé une présence CFDT plus significative que dans les journées du même type d’avant la mobilisation sur les retraites. Peu de grèves ou de débrayages même si la fermeture du Louvre et la tour Eiffel ont pu donner une certaine visibilité à la mobilisation. Faible impact dans les transports surtout avec, par exemple, le choix à la SNCF de favoriser les TGV plus visibles que les TER.
La faiblesse des grèves depuis la rentrée pouvait laisser prévoir des difficultés de mobilisation.
Quelles suites ?
Le patronat a des difficultés à justifier les politiques salariales, au regard notamment des profits engrangés et d’une inflation qui lamine toujours davantage le pouvoir d’achat.
Malgré l’échec de la mobilisation sur les retraites, le gouvernement, discrédité, fragilisé, hésite encore à passer complètement hors du cadre de dialogue social et à affronter l’ensemble des organisations syndicales. Ses projets de ponction dans les caisses de l’Unedic ou celles de l’Agirc-Arcco sont refusés par les organisations syndicales de salariéEs et même patronales. Et de ce fait il n’est rien sorti de la Conférence sociale.
Les bilans, les débats sur tactique et stratégie syndicales qui ont lieu depuis la fin juin pointent, avant tout, deux questionnements : l’absence d’auto-organisation et la place de revendications centrées sur le « travail ». L’exemplaire mobilisation des salariéEs de l’automobile aux USA donnent certains éclairages, des mots d’ordre clairs : 40 % d’augmentation des salaires, réduction du temps de travail, suppression des mesures discriminatoires à l’embauche et une tactique de lutte (escalade/élargissement) mise en œuvre en lien avec l’état des concessions patronales, avec un effort de dialogue entre base et direction. Le tout avec un syndicalisme unifié… Des pistes pour ici ?