Le gouvernement a réuni en grande pompe les états généraux de l’automobile, au cours desquels de nouvelles promesses financières, sans contreparties, ont été faites aux constructeurs automobiles.
Mardi 20 février, le secrétaire d’État au Commerce et à l’Industrie, Luc Chatel, a réuni les états généraux de l’automobile, où sont intervenus Carlos Ghosn, patron de Renault-Nissan, le Premier ministre, François Fillon, le ministre de l’Environnement, Jean-Louis Borloo, et la ministre de l’Économie, Christine Lagarde. Plus de 500 invités ont participé à cette grand-messe destinée à « créer les conditions d’un certain consensus pour donner un avenir à ce secteur ».
La réunion avait été préparée par un comité stratégique pour l’avenir de l’automobile, mis en place par Nicolas Sarkozy en décembre dernier. Il s’agit de refonder un véritable « pacte automobile », rassemblant constructeurs, équipementiers, sous-traitants, salariés, syndicats et pôles de compétitivité, comme s’il existait un moyen de fondre les intérêts des travailleurs avec ceux des patrons. Aucune décision n’est sortie de ces états généraux, puisque Nicolas Sarkozy se réserve la primeur de l’annonce « des mesures structurelles pour garder nos usines », fin janvier.
Pourtant, les mesures concrètes à venir ont déjà été largement commentées par la presse. Au-delà du milliard d’euros déjà débloqué pour faciliter le crédit des acheteurs de voitures, des 300 millions d’euros du « fonds de restructuration » des sous-traitants de l’automobile, et du versement de la prime à la casse de 1000 euros, Sarkozy a déjà annoncé que l’État allait « mobiliser beaucoup d’argent pour le secteur automobile », à la condition que les constructeurs « localisent les emplois en France ». Estimant que l’argent débloqué par l’État pour recapitaliser les banques n’arrive pas suffisamment vite et à des taux « raisonnables » aux constructeurs Renault et PSA, François Fillon envisage même de « financer presque directement les grandes entreprises automobiles qui n’arrivent pas à trouver sur les marchés financiers les sommes dont elles ont besoin », en annonçant « un effort de l’ordre de 5 à 6 milliards d’euros ». Les patrons automobiles se sont montrés évidemment très intéressés mais, comme l’a déclaré au Figaro le PDG de PSA, Christian Streiff, cela ne doit pas modifier leur indépendance et leur liberté d’action.
Ce gros cadeau aux patrons de l’automobile n’empêchera pas le chef de l’État de verser aussi aux banques une nouvelle dotation de 10,5 milliards, pour les inciter à augmenter leur contribution au redémarrage de l’économie. Mais, à ces mesures immédiates, Sarkozy veut ajouter des mesures structurelles pour « restaurer durablement » la compétitivité en France. Alors que l’Agence française pour les investissements internationaux déclare que la France possède l’une des meilleures productivités horaires au monde, le monarque élyséen n’hésite pas à affirmer que « la France a perdu 30 % de compétitivité par rapport à l’Allemagne depuis 2000 ». Pour l’Élysée, il y a urgence à résoudre ce différentiel, par une action sur la fiscalité, le niveau des cotisations sociales et une « réflexion sur la productivité et l’organisation du travail ».
On l’aura compris, la crise et la récession vont servir de prétexte à un coup fatal porté à la taxe professionnelle, comme le réclame avec insistance Carlos Ghosn. Il s’agit aussi d’abaisser le coût du travail en diminuant les cotisations sociales des patrons et en aggravant la flexibilité dans l’organisation du travail. Tous les constructeurs automobiles s’apprêtent à réduire encore leurs capacités de production et à organiser des plans de licenciement. C’est ce moment que le gouvernement choisit pour leur faire encore plus de cadeaux tout en leur laissant les mains libres. Les mesures en préparation constituent un véritable plan de guerre contre les salariés du secteur automobile, présenté comme la contrepartie d’une préservation illusoire par les patrons des sites de production français.