Depuis près de quatre mois, les travailleurs de l’automobile paient les politiques d’ajustement à la crise de surproduction des constructeurs, des équipementiers et des sous-traitants.
La participation à la grève et aux manifestations du 29 janvier était un test de leur détermination à ne pas subir chômage partiel massif et suppressions d’emplois. Ce test est réussi et la présence des salariés de l’automobile a été bien visible dans les cortèges : plus de 600 travailleurs de Renault-Sandouville à la manifestation du Havre, un cortège très dynamique de 600 salariés de Renault-Cléon à celle de Rouen, près de 700 salariés de Renault au Mans, 350 à Douai malgré la fermeture de leur établissement.
Même encore limité, ce niveau de participation est notable si l’on prend en compte les difficiles conditions de préparation pour les équipes militantes. Depuis le début de l’année, dans la plupart des usines Renault, les journées non travaillées s’imposent près d’une semaine sur deux, voire davantage, désorganisant et insécurisant totalement les collectifs de travail. Il n’est pas simple, dans une situation où l’employeur prive ses salariés de travail, de faire comprendre que la grève reste le meilleur moyen de faire valoir ses intérêts. Agir, faire grève, manifester, alors que le chômage technique est généralisé, nécessite d’expliquer pourquoi « la grève ne fait pas le jeu du patron » et suppose, de la part des travailleurs, une compréhension de l’enjeu politique du mouvement en cours qui est de rebâtir un rapport de force.
De plus, le 29 janvier ne s’inscrivait dans aucun « plan d’action pour gagner » des directions confédérales. Or, au même titre que les autres salariés, ceux de l’automobile savent qu’une journée d’action ne peut pas arrêter la terrible offensive patronale actuelle, ni celle plus brutale encore qui se prépare contre eux, suite aux états généraux de l’automobile. Pour convaincre, il a fallu expliquer que la possibilité de lui donner une suite découlerait en partie de son succès.
Pour les salariés de l’automobile, il y a maintenant urgence à proposer rapidement une nouvelle échéance nationale, afin de riposter au plan de « sauvetage » de la compétitivité du secteur automobile français qui sera présenté, dans les prochains jours, par Nicolas Sarkozy. Il comprendra l’allongement du temps de travail, sans compensation salariale et avec plus de flexibilité, la baisse des cotisations sociales et la suppression de la taxe professionnelle. Le 16 janvier, le collectif national automobile de la CGT avait retenu le principe d’une manifestation nationale à la Bourse, début mars. Reste à confirmer cette perspective et à se donner les moyens d’organiser et de réussir cette nouvelle échéance.