C’est officiel : les chiffres du chômage augmentent ! En novembre 2011, il y avait 2 828 000 demandeurs d’emploi de catégorie A en France métropolitaine. En novembre 2012, le chiffre a atteint les 3 132 600, soit une augmentation de 10,8 % en un an. Ils ne reflètent pourtant qu’une petite partie de la réalité. Décryptage.Si vous ne voulez plus voir le chômage, changez les statistiques ! Tous les gouvernements s’y sont attelés. La première opération a consisté à distinguer les chômeurs qui n’ont eu aucune activité de ceux qui ont pu travailler même quelques heures, essentiellement en intérim (catégories B et C). Puis de se servir des contrats aidés et des formations destinés aux chômeurs pour nous faire oublier qu’ils sont toujours au chômage. Ce sont les catégories D et E. Résultat : un chômage officiel estimé aujourd’hui à 5,2 millions de personnes, soit 17,9 % de la population active !Mais il y a pire. Cela fait longtemps que les chômeurs de longue durée ayant sombré dans la misère sont traités à part, notamment depuis l’instauration du RMI en 1988. Exit donc les 1,3 million d’allocataires du RSA, à quoi s’ajoutent plus de 115 000 dispensés de recherche d’emploi ayant plus de 56 ans. La partie immergée de l’iceberg est pourtant bien plus vaste. Le temps partiel subi a pris une importance considérable, notamment dans les activités de service. Il touche massivement les femmes, à près de 80 %. C’est une discrimination majeure. Au total cela fait plus de 1,5 million de personnes concernées.
Les disparuEsReste la question tabou, la plus rarement évoqués : celles et ceux qu’on appelle les « découragés ». Cela sent presque le souffre. Chômeurs « volontaires » ou pas « assez courageux » ? Les trajectoires sont multiples, parfois sordides, souvent révoltantes : des chômeurs qui souhaitent toujours travailler mais qui voient leur chance se réduire toujours plus avec la crise.S’inscrire à Pôle emploi ? Pour quoi faire, si ça ne sert à rien ? Ce qui ne veut pas dire qu’on ne cherche pas, ou qu’on ne travaille pas… au noir. Presque un demandeur d’emploi sur deux ne touche aucune indemnité et ce nombre ne cesse d’augmenter avec la multiplication des contrats courts qui ne permettent plus de recharger ses droits à indemnité. Àquoi bon se faire recenser ?Leur nombre est estimé à plus de 800 000. Soit près de 9 millions de chômeurs en France et un taux dépassant les 30 % ! Ce qui permet sans doute de comprendre l’énorme sentiment de fatalité qui pèse aujourd’hui sur le monde du travail. Et toutes les raisons pour qu’il y ait un jour ou un autre une explosions sociale gigantesque !
Jean-François Cabral