Après les succès des manifestations des 22 avril, 1er et 8 mai, le Front social est devenu un fait politique. Ce sont plus de 70 organisations syndicales, associatives ou divers fronts de lutte qui se sont coordonnés autour du Front Social.
Leur point de départ commun ? L’appel du 22 avril au 1er tour social juste avant le premier tour de l’élection présidentielle : ils et elles n’ont pas accepté que le soir du 15 septembre, l’intersyndicale – sans que la moindre proposition alternative ne soit faite par quiconque – « siffle la fin de la partie » contre la loi Travail. En effet, plus aucune suite ne sera proposée dans la rue pour exiger l’abrogation de la loi El Khomri.
L’appel du 22 avril « pour un premier tour social » est impulsé à l’origine par un groupe d’organisations syndicales et associatives : Info’Com-CGT, CGT Goodyear, CGT Énergie Paris, SUD Poste 92, Compagnie Jolie Môme, Bellaciao, SUD Commerces et services, CGT Wattrelos. Ces militantEs se sont rencontrés dans la chaleur des mobilisations et portent un constat commun : face à la loi travail et son monde, il ne faut pas désarmer. Ils se sont tout d’abord mobilisés en soutien au 8 travailleurs de Goodyear condamnés à de la prison ferme pour avoir défendu leurs emplois, les 19 et 20 octobre 2016, puis le 11 janvier 2017. Très vite, ils ont refusé de se laisser piéger par le cirque électoral qui sert souvent d’excuses aux directions syndicales pour ne rien faire. Il y a une compréhension commune que tout ce que notre camp social et la jeunesse ont obtenu, c’est grâce à leurs luttes, grèves, blocages et occupations. Il est clair pour l’appel au 22 avril que 1936 et 1968 n’étaient dans aucun programme électoral.
C’est donc le 16 février à la Belle Étoile, théâtre de la Compagnie Jolie Môme, que l’appel du 22 avril est rendu public. La manifestation pour un premier tour social sera un succès : entre 2000 et 3000 personnes. Le point de départ d’un réseau plus large est donc rendu possible par ce premier succès militant. Ce n’est pas tant le nombre que la signification de la manifestation : « C’est dans la rue que ça se gagne », et l’écho bien plus large qu’elle a dans bon nombre de milieux syndicaux et militants.
« C’est dans la rue que ça se gagne ! »
Prenant appui sur ce succès, une AG parisienne se tiendra dès le 25 avril. Deux choses y seront décidées : refuser de se faire voler le 1er Mai, fête internationale des travailleuses et travailleurs, en refusant d’appeler, même en creux, à voter Macron. Un pôle intersyndical défilera dans la manifestation du 1er Mai avec la banderole « Peste ou Choléra : Front Social ! C’est dans la rue que ça se gagne. » Le Front social n’en restera pas à refuser de donner une consigne de vote, mais proposera de regrouper à la fois celles et ceux qui ont l’illusion que le vote Macron serait un rempart à l’extrême droite, et celles et ceux qui veulent s’abstenir. Comment ? En leur proposant de manifester dès le lendemain de l’élection : le 8 mai.
Cette manifestation sera un succès bien plus important encore que les précédentes. 5 000 personnes pour les plus pessimistes, 10 000 pour les plus optimistes. Peu importe le nombre, personne n’a pu passer à côté de cette manifestation, ni Macron, ni les médias, ni même les directions syndicales. Le Front social se refuse à laisser le moindre répit à Macron et à sa politique. Macron ne s’en cache pas, il veut taper plus fort et plus vite contre le Code du travail. Il faut qu’il comprenne qu’en face la riposte sociale s’organise. C’est bien l’objectif du 19 juin à 18 heures où le Front social appelle à prendre la rue devant l’Assemblée nationale ! En régions, d’autres manifestations ou rassemblements sont également prévus.
Nous ne pouvons donc plus nous permettre d’hésiter : l’heure est à renforcer ce Front social face à Macron et à ses ordonnances. C’est le but de la rencontre nationale prévue le 10 juin à la Bourse du travail de République (Paris). Avec nos syndicats, nos associations ou individuellement, participons-y le plus massivement possible !
Pedro Cine