Publié le Lundi 15 février 2010 à 22h58.

FSU : le congrès, c’est passé…

Les enjeux du sixième congrès de la FSU se situaient autour de deux questions particulièrement sensibles : le recrutement et la formation des enseignants, la recomposition syndicale et la stratégie.La FSU tenait son sixième congrès à Lille du 1er au 5 février. Au menu, quatre thèmes – éducation, services publics, alternatives (économiques, sociales et environnementales) et « quelle FSU pour quel syndicalisme ? » – débattus en commission puis en séance plénière avec, en final, la résolution sur l’action. Un temps égal pour chaque intervenant des 23 syndicats, des 105 sections départementales et des cinq tendances. Des motions, des amendements, des réécritures, des synthèses… et des votes jusqu’à plus d’heure ! Côté formation des enseignants, le débat devait être chaud : on se souvient de la dispute du printemps dernier après le refus du Snes de s’opposer à la réforme dite de « mastérisation », en comité technique paritaire.

Bien que tout le monde soit maintenant contre cette réforme que le gouvernement impose par coups de force successifs, le débat fut verrouillé, tant les mandats des principaux syndicats enseignants sont disparates. Ainsi, les secrétaires généraux des trois plus gros syndicats des premier et deuxième degrés (Snes, SNUipp, Snep), suivis par Gérard Aschieri, se sont autorisés à intervenir à la tribune avant les votes pour faire pression sur les délégués afin qu’ils votent le point d’équilibre auquel ils étaient parvenus. Une première dans un congrès de la FSU !

Sur la recomposition syndicale, si le constat que l’autonomie doit être dépassée est largement partagé, il restait à déterminer comment en sortir et quels liens interprofessionnels construire dans la durée. Le mandat adopté est assez clair : « Par la place qu’elle occupe, la FSU peut et doit proposer des perspectives nouvelles dans le paysage syndical. Elle décide d’enclencher une dynamique sur la base d’objectifs clairs : il s’agit de contribuer au développement d’un syndicalisme de lutte et de transformation sociale… à construire un nouvel outil syndical. » Les initiatives communes de débat avec la CGT d’une part, avec Solidaires d’autre part, jugées positives, vont être poursuivies dans la durée. Enfin « le congrès lance un appel aux organisations qui le souhaitent et aux salariés pour débattre, à tous les niveaux, de la construction d’un outil syndical et des étapes qui peuvent y conduire ». Reste à mettre en œuvre ce mandat !

Le congrès a enregistré une avancée sur le soutien aux « désobéisseurs » et sur les transports gratuits pour les jeunes et les chômeurs, mais sur le droit de vote pour les immigrés, il faudra attendre ! Tout comme pour la parité hommes/femmes... Le congrès s’est clos après le débat sur l’action : une motion fleuve où les personnels sont appelés à poursuivre et amplifier l’action, mais où l’on cherche en vain des propositions concrètes, par exemple d’extension du mouvement qui commence à se développer dans les lycées, notamment en Seine-Saint-Denis. Un amendement, présenté par le SNPESpjj (protection judiciaire de la jeunesse) sur le recours à la grève a recueilli plus de 30 %. Une motion de l’École émancipée SNESup, appelant au blocage de la réforme sur la formation des enseignants, a eu le même succès d’estime. Enfin, sur la question centrale des retraites, si la FSU réaffirme ses mandats (75 % du traitement des six derniers mois, 60 ans et 37,5 annuités), l’appel du congrès à se mobiliser reste en deçà de ce que les enjeux nécessitent. Un congrès donc aux couleurs du temps : beaucoup de gris avec quelques petites éclaircies !

Monique Jean