Cela fait 7 semaines de grèves et de manifestations qui se maintiennent à un niveau élevé, voir se développent au fur et à mesure de la mobilisation.
Après le succès des manifestations du samedi 16 octobre, la journée de grèves et de manifestations du 19 octobre a de nouveau été un succès avec 3 millions et demi de gens dans la rue et la présence massive de la jeunesse. Les lycéens et les étudiants sont entrés dans la danse
Avec chaque fois, plusieurs millions de manifestants, c’est la confirmation d’un mouvement profond qui traverse l’ensemble du pays. Un réforme impopulaire à plus de 70% ne peut qu’encourager celles et ceux qui luttent, pousser les autres a participer aux manifestations ou soutenir le mouvement.
Le 7 septembre encore, les manifestations et les grèves étaient surtout un moyen de marquer son mécontentement, mais il manquait encore la confiance suffisante à une échelle large pour se dire qu’il était possible de gagner.
Petit à petit, les choses ont changé, la force du nombre dans les manifestations, les grèves bien suivies, les discussions entre collègues, ont redonné courage. L’arrogance du pouvoir a finit de convaincre les plus timorés qu’il était nécessaire de riposter, de ne pas se laisser faire. Car il y a dans le mouvement en cours une force qui ne se mesure pas que par le nombre de manifestants, quelque chose de profond : l’idée que «le bon droit», la légitimité sont de notre côté et «que si nos poches sont vides, la coupe est pleine», il est temps de relever la tête, qu’il s’agit la d’une question de dignité.
Cette prise de consciences se fait «petit à petit», au rythme des grèves et journées de mobilisation, mais à chaque fois il apparaît de plus en plus évident que des journées d’actions espacées ici et la ne suffiront pas à faire reculer ce gouvernent. De fait, on n’a jamais autant discuté de grève reconductible que ces dernières semaines, au point que 61% des sondés se disent favorables à des grèves prolongées ! Il faudrait un coup de pouce et… les directions des confédération syndicales, si elles sont poussées par le mouvement, se gardent bien, pour éviter la crise politique "ouverte", d’appeler à la grève générale pour obtenir le retrait de la loi !
Pourtant, la grève du 12 octobre aura vu plusieurs secteurs clés, notamment des transports (ports, SNCF, transports publics, secteur aérien) et de l’énergie (raffineries, centres Edf, etc…) se lancer ou amplifier des reconductions. Mais également une multitude d’endroits où la grève prend: dans des petites boites du privé par des arrêts d’une heure, dans des centres des impôts, de Pôle emploi, chez les communaux et autres employés territoriaux, la Santé, la Poste, l’Education Nationale, etc… et bien sûr avec l’arrivée des jeunes lycéens et étudiants
On a rarement vu autant d’initiatives prises de partout, ça bouge dans tous les sens et c’est tant mieux : manifs locales organisées en deux temps trois mouvement, rencontre entre salariés de différentes boites, blocages d’entrées de zones industrielles, etc… Dans certains endroits, comme au Havre, chaque soir se tient une assemblée générale interprofessionnelle qui édite un tract de la grève en lien avec l’intersyndicale. Ailleurs des AG de cheminots décident de se rendre sur les piquets des raffineries, des profs prennent la parole dans des AG de communaux, etc… C’est une sorte de reconstruction, le retour a des pratiques de lutte, d’organisations, nécessaires mais oubliées depuis trop longtemps.
Et en quelques jours, le climat a changé. C’est un tournant ! On sent partout que ça peut basculer, que la mobilisation peut l’emporter, qu’il y a une chance a saisir : que gagner c’est possible. Car, s’il y a de nombreuses grèves ici et là, elles restent encore trop minoritaires, trop éparpillées.
C’est par la grève que nous pourrons peser sur le rapport de force. Par celle ci, nous rappelons que c’est nous qui faisons tourner l’économie, que toutes les richesses sont le produit de notre travail. Et si par la précarisation de plus en plus forte, de nombreux salariés sont en difficultés pour faire grève (interim, CDD, chômage, RSA, etc…), il est nécessaire de les associer au mouvement, notamment lors des actions de blocages (zones industrielles, dépôts d’essence, etc…) et dans les manifestations de masse.
Mais c’est la grève qui permet de bloquer l’économie, permet aux salariés de prendre le temps de se réunir, de s’organiser, d’aller à la rencontre d’autres travailleurs des entreprises voisines, de prendre leur lutte en main. C’est à cette tâche qu’il faut s’atteler.
La fébrilité d’un gouvernement qui tape sur les jeunes, envoie les flics dans les raffineries, nous conforte dans l’idée qu’il ne faut rien lâcher. Il faut faire basculer dans la grève celles et ceux qui hésitent encore.
Un rejet en cache un autre : derrière le rejet de la réforme des retraites, c’est le rejet de Sarkozy et de sa politique au service des capitalistes qui est en visée.
C’est une crise sociale et politique, un mouvement profond qui appelle a la démission des Sarkozy, Fillon et autres Woerth ! Qu’ils cédent ou qu'ils dégagent !
Basile Pot