L’enseigne Go Sport a été déclarée en cessation de paiements et placée en redressement judiciaire le 19 janvier. Les conséquences sur l’emploi sont encore inconnues. Elle est aussi désormais dans le collimateur de la justice qui enquête pour abus de bien social.
Quelques jours avant le jugement du tribunal de commerce, l’enseigne révélait elle-même les invraisemblables manœuvres capitalistiques du groupe HPB auquel elle appartient, détenu par la holding de Michel Ohayon : vendu pour 1 euro symbolique par le groupe Casino en 2021, Go Sport a dû allonger 38 millions d’euros pour racheter Gap, une autre filiale du groupe ! Ce montant correspond au mystérieux décaissement constaté par les commissaires aux comptes fin 2022. En réponse, HPB avait assuré qu’il n’y avait aucun risque de cessation de paiement, mais le tribunal de commerce lui a donné tort en constatant un passif de plus de 14 millions d’euros. Le groupe s’est toutefois bien avisé de ne rien dévoiler du montage financier qui a permis à Go Sport de trouver l’argent du rachat de Gap.
Manipulations de capitaux et abus de biens sociaux
La veille du jugement, le journal Libération révélait de son côté l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Grenoble, portant notamment sur une dépense de 18 millions d’euros qui aurait servi à financer en pure perte une autre filiale de HPB, la société Camaïeu, placée en liquidation judiciaire en septembre 2022. Le total des sommes déboursées s’approche étrangement de celui des prêts garantis par l’État accordés à Go Sport (55 millions d’euros), dont la législation interdit le transfert de fonds de la filiale emprunteuse à une autre… sauf pour une opération de croissance externe comme celle imposée opportunément par HPB.
Michel Ohayon est désormais écarté de la gestion de Go Sport, mais rien n’est résolu pour autant : l’enseigne a six mois pour dresser un inventaire de son patrimoine et de ses dettes, et rien ne dit que la reprise partielle d’actifs par un éventuel repreneur se traduira par le maintien des emplois. C’est précisément pour qu’ils ne soient plus la variable d’ajustement des manipulations capitalistes et empêcher celles-ci que le NPA revendique l’interdiction des licenciements.