Publié le Mardi 7 avril 2020 à 09h34.

La Poste : bas les masques !

Dans la gestion de la crise sanitaire, l’omerta est une ligne de conduite permanente pour les dirigeants de La Poste.

À titre d’exemple, ces derniers refusent toujours de communiquer le moindre bilan sanitaire (en particulier le nombre d’agentEs atteints par le Covid-19, ou suspectés de l’être), malgré les multiples demandes en ce sens formulées par plusieurs organisations syndicales. La DRH du groupe se retranche derrière l’argument fallacieux selon lequel établir de tels chiffres contreviendrait aux règles sur la protection des données. Cela n’empêche pourtant pas des entreprises comme la SNCF de fournir un bilan précis et quotidien aux éluEs des CSE. Mieux (ou pire), la ministre des Armées Florence Parly a communiqué sur le nombre de militaires atteints par le coronavirus. La culture du secret est manifestement plus ancrée à La Poste que chez la Grande muette !

Tout dernièrement, Sud PTT a annoncé avoir appris que La Poste possédait un stock de plus de 24 millions de masques. Une fois encore, La Poste n’avait rien communiqué à ce sujet. La découverte a été faite à l'occasion de la procédure judiciaire que le syndicat a engagée contre l’entreprise. Interpellée à ce sujet, la DRH a eu cette réponse, qui fait l’effet d’une bombe : « Nous n’avons pas intérêt à ce que cela se sache car si nous sortons le chiffre, nous risquons de nous faire réquisitionner ». Un véritable scandale, à l’heure où non seulement l’ensemble des postierEs les plus exposéEs ne sont pas touTEs équipéEs, mais où les masques manquent aussi aux personnels soignants qui risquent leur vie.

L’État s’apprête à donner officiellement le statut d’Opérateur d’importance vitale à La Poste, que cette dernière lui a demandé. Cela lui permettra, en plus de pouvoir continuer ses activités (y compris le business), de « bénéficier des flexibilités prévues dans la loi d’urgence en dérogation aux règles de la durée du travail », selon l’avis favorable rendu par la Commission supérieure du numérique et des postes. Donc, par exemple, de pouvoir faire travailler les postierEs jusqu’à 60 heures. Au passage cette Commission supérieure ne tarit pas d’éloges vis-à-vis d’une direction « prenant ses responsabilités vis-à-vis de ses clients et de son personnel sur les questions de protection sanitaire ». Une vaste blague ! Que va faire le gouvernement, maintenant que la DRH du groupe La Poste a dit qu’elle cachait l’existence de son propre stock stratégique ?

Partageant les mêmes objectifs (garantir les profits avant tout), Poste et gouvernement usent des mêmes méthodes, dont le mensonge, déclaré ou par omission. Tous sont aujourd’hui discrédités. C’est la faillite d’un système en même temps que celui d’une entreprise. Qu’ils s’en aillent tous !