Les syndicats et le Medef devaient se rencontrer le 25 novembre afin de se mettre d’accord sur les retraites complémentaires. En effet, l’Association pour la gestion du fond de financement (AGFF) qui gère les cotisations finançant les retraites complémentaires entre 60 et 65 ans est censée s’arrêter le 31 décembre 2010. Versées par deux organismes paritaires, l’Arcco (pour tout le monde) et l’Agirc (pour les seuls cadres), les retraites complémentaires concernent 18,5 millions de salariés du privé et représentent entre un tiers et deux tiers (pour les cadres) du montant des pensions. Contrairement à ce qui existait, depuis 1983, pour le régime de base géré par la Sécurité sociale, l’âge auquel on pouvait percevoir la retraite complémentaire est resté fixé à 65 ans. Mais pour ne pas pénaliser les salariés partant à 60 ans, un accord avait été conclu avançant à cet âge son versement par le biais de l’AGFF.Contrairement à la retraite de base, la retraite complémentaire est un système par points. Les cotisations versées permettent d’acheter des points à une valeur fixée par les régimes. Cumulés tout au long de la carrière, ils donnent lieu à une pension en fonction de leur valeur au moment de la liquidation de la retraite. Or, on assiste à une baisse continuelle du « rendement » des cotisations. Ainsi, pour 100 euros de cotisations, l’Agirc reverse 6,70 euros en 2010 contre 7,60 euros en 1999, soit une baisse de 13,5 % du « taux de rendement » en dix ans !Les négociations porteront sur différentes questions. La première est de savoir si le recul de l’âge de la retraite à taux plein à 62 ans sera appliqué également aux retraites complémentaires, ce qui signifierait, pour les salariés qui s’arrêteront avant, une double décote, du régime général et du régime complémentaire. Mais le Medef pourrait aller plus loin en repoussant l’âge légal pour les retraites complémentaires à 65 ans, comme il a déjà essayé plusieurs fois de l’imposer. Si c’est le cas, les salariés partant à la retraite avant 65 ans, même s’ils ont atteint l’âge légal et justifient du nombre de trimestres nécessaires pour une retraite à taux plein dans le régime de base, pourraient subir une décote allant jusqu’à 22 % de la part complémentaire de leur pension. Enfin, les régimes de l’Arcco et de l’Agirc ayant cumulé 600 millions d’euros de déficit, le Medef, qui pourrait en cela être suivi de la CFDT, risque de remettre en cause les bonus que touchent les familles ayant élevé trois enfants (5 % de plus pour l’Arcco et 8 % pour l’Agirc).L’accord devrait être reconduit dans l’état jusqu’en mars ou juillet 2011, mais d’ici là des négociations devront avoir lieu. Même s’il n’est pas sûr que dans le climat social d’après la bataille pour les retraites, le Medef cherche une nouvelle provocation à la révolte, la pression des militants qui n’ont toujours pas accepté la contre-réforme doit aussi s’exercer sur les syndicats. Il est donc important de ne pas laisser passer trop de temps. Et dans cette perspective, le report des discussions à mars ou juin jouerait en défaveur de l’intérêt des salariés. Nous devons exiger, non seulement la reconduction de l’accord mais une amélioration du « rendement » des cotisations et à terme une remise en cause du régime par points pour des pensions indexées sur les salaires.La bataille pour les retraites n’est pas terminée et il s’agit de rester mobilisés.Dominique Angelini
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