L’épidémie et la crise sanitaire sont là. L’urgence est bien évidemment à la solidarité avec les personnels soignants, avec toutes celles et tous ceux qui exercent des fonctions vitales à la société et devront continuer d’aller travailler, avec les malades, avec les plus fragiles d’entre nous.
Mais l’urgence ne doit pas nous interdire de discuter ensemble, de réfléchir collectivement, de faire de la politique, même si le confinement ne facilite pas les choses et qu’il va falloir faire preuve de créativité et d’inventivité.
La crise du coronavirus joue un rôle de révélateur : des conséquences dramatiques de l’austérité sur les systèmes de santé ; des catastrophes que peut générer le développement sans limite de l’agro-business, pour lequel le profit prime tout, y compris la vie, la nôtre et celle de la planète ; des dangers inhérents à l’économie capitaliste, contradictoire dans son essence même avec la planification de la production et son orientation vers les besoins de touTEs, pas les profits de quelques-uns ; de l’irresponsabilité de nos gouvernants qui, après avoir détruit l’hôpital public, prennent, autoritairement, des mesures contradictoires et inefficaces, obsédés qu’ils sont par la sauvegarde du système économique, au mépris de la santé du plus grand nombre.
L’heure n’est donc certainement pas à l’« union nationale » ou à l’« union sacrée » qu’appellent de leurs vœux ceux-là mêmes qui nous ont précipitéEs dans la crise. On pourrait, certes, sourire en les entendant prononcer les mots « nationalisations » (Le Maire), « interdiction des licenciements » (Pénicaud) ou « biens et services qui doivent être placés en dehors des lois du marché » (Macron). Mais, au vu des circonstances, on n’a pas tellement envie de sourire.
Car on sait que malgré ces déclarations hypocrites, faites sous la pression des évidences, ils ne changeront rien et continueront de nous emmener dans le mur. Alors, face à l’urgence sanitaire, il n’y a rien à d’attendre d’eux, il va falloir se battre, être solidaires entre nous. Et c’est aussi le moment, en luttant et en construisant ces solidarités, d’imaginer, ensemble, le monde d’après, le monde sans eux, le monde où nous décidons, pour nous, vraiment.