D'où vient la dette ? Qui en a profité ? Qui sont les préteurs ? Quelles est la part du budget de l’État qui va au remboursement de la dette publique ? C'est pour répondre à ces questions et pour lever le « tabou de la dette » qu'Attac a initié un appel pour un audit citoyen de la dette publique.L'appel lancé par Attac a été signé par un spectre très large d'organisations politiques, syndicales et associatives (CADTM, Solidaires, la FSU, le PCF, le PG, le NPA, etc.), et a recueilli plus de 60 000 signatures individuelles. Sur la base de cet appel des collectifs unitaires ont été constitués partout en France.Un an après environ, où en est cette campagne ? Les assises nationales des collectifs qui ont eu lieu le samedi 23 juin ont permis d'en dresser un premier bilan. 80 déléguéEs venuEs de toute la France ont participé aux échanges du matin1. De nombreux éléments positifs sont à mettre au crédit de la campagne. Les réponses aux grandes questions sur la dette française sont désormais connues et le travail d'éducation populaire doit continuer à les diffuser largement. Comme certains collectifs ont commencé à le faire, l'audit est à approfondir en ce qui concerne les collectivités locales. La forte présence des régions marque un enracinement des collectifs, confirmé par le compte-rendu de leur activité : un foisonnement de diverses initiatives et la production de différents supports de diffusion2. Mais développer plus avant la campagne nécessite de répondre à certaines limites de la dynamique des collectifs.Au-delà de l'absence d'un mouvement social d'ampleur, il y a d'abord le manque d'implication des organisations syndicales et politiques dans la campagne. Très peu étaient présentes lors des assises et la logistique de la campagne repose, de fait, sur Attac et le CADTM. Mais ensuite, et surtout, le manque de perspectives claires. Par exemple, il n'y a pas, pour l'instant, de dates communes à l'ensemble des collectifs en France ; aucune structure nationale regroupant les différents signataires n'établit une feuille de route qui oriente l'activité des collectifs. Les rencontres sont donc davantage un lieu d'échange d'idées que d'élaboration de perspectives communes : à chaque collectif de reprendre certaines des propositions afin d'organiser son activité. Ce fonctionnement est à la fois une force de la campagne, permettant la créativité, une grande ouverture et la diversité des initiatives collant au près des enjeux locaux : tout est possible dans cette campagne. Mais avec un risque corollaire : l'éparpillement de l'action des collectifs et une forme d'attentisme qui pourrait les voir s'anémier faute de « grain à moudre ».Une série d'initiatives ont été discuté le 23 et attendent ainsi d'être reprise par les collectifs : tournées d'une délégation de femmes contre l'austérité3, d'une délégation de syndicalistes européens, mobilisation pour un référendum sur le pacte budgétaire (notamment des réunions publiques avec des syndicalistes sur les conséquence de l'adoption du pacte budgétaire sur le droit du travail). L'idée est à la fois de se donner des outils favorisant la mise en activité de tous ceux qui veulent combattre les politiques d'austérité et l'implication des syndicats.Enfin le profil futur de la campagne portée par les collectifs reste ouvert. S’ils peuvent jouer un rôle important dans la bataille idéologique visant à rendre la dette illégitime à une échelle de masse, ils ne peuvent en rester là et doivent également être le creuset d'un front unitaire contre l'austérité qui organise et regroupe les forces militantes disponibles : altermondialistes, IndignéEs , équipes syndicales et partis.
William Vey1. Pour plus d’infos : www.audit-citoyen.org2. Voir par exemple l'activité et le matériel des collectifs héraultais sur le blog : http://cacmpl.over-blog.com3. Pour un entretien avec Sonia Mitralias, à l'origine de cette initiative voir le site du NPA. Pour faire venir la délégation dans sa ville, contacter Christine Vanden Daelen (christine@cadtm.org) et Pascal Franchet (snadgifranchet@wanadoo.fr).Les assises des collectifs contre la detteUn des trois ateliers des assises des collectifs du samedi 23 juin portait sur : « quelles mobilisations européennes contre l'austérité et le pacte budgétaire ? », faisant ainsi le constat de la diversité et de la force des mobilisations de résistance à l'austérité dans de très nombreux pays en Europe. S'il est clair qu'il y a une nécessité à développer des mobilisations directement à l'échelle européenne, cette volonté rencontre au moins deux difficultés : le manque de réactivité syndicale à l'échelle européenne et le manque d'un cadre commun de mobilisation (agenda) et d'échange. Les interventions lors de l'atelier sont revenues plusieurs fois sur l'importance de renouer avec l'esprit et la méthode des Forum sociaux européens (FSE) : se fixer des échéances et axes européens de mobilisation qui sont ensuite construits nationalement. Car, paradoxalement, c'est au moment où nous en avons le plus besoin que la dynamique des FSE marque le pas en Europe. Or, l'enjeu est bien de fédérer les différents mouvements « antiaustérité » afin de sortir de l'isolement et de rendre visible une alternative. Cette volonté de convergence et de coordination soulève des questions portant sur le type de revendications et les axes de mobilisation unifiants à l'échelle européenne. D'où, encore une fois, la nécessité de cadres européens de discussion. Discuter, planifier et fédérer, c'est dans cette direction que semble aller l'initiative baptisée Florence +10 (par référence au FSE de Florence, en Italie, en 2001) qui est en cours de préparation. Elle devrait avoir lieu les 10 et 11 novembre.