Salim Messad est à la fois militant du NPA et de AC !, il est un organisateur des Marches contre le chômage, les précarités et les licenciements dans le Rhône. Comment es-tu arrivé au NPA ?Je suis militant au NPA 69, à Lyon, depuis un peu plus d’un an. J’ai adhéré au parti suite à un ras-le-bol face aux abus du gouvernement et de Sarko, après seulement un an de pouvoir. Je ne voulais plus subir sa politique mais la dénoncer et m’y opposer. Le NPA devenait donc pour moi une évidence. Pourquoi la commission précarité ?En début d’année, nous avons reçu un appel de AC! Rhône pour créer un collectif vigilance chômage, et avec un autre camarade, nous nous y sommes rendus en tant que militants NPA. Et cela s’est tellement bien passé qu’avec le temps, nous avons décidé de rejoindre AC!, qui est depuis un partenaire privilégié dans les luttes en faveur des précaires. Ma participation à la commission nationale précarité ne fut donc que la suite logique des choses, sachant que je suis à la fois sans emploi et sans logement. Comment les Marches ont-elles démarré et que va-t-il se passer ?Elles ont commencé après l’appel lancé par les organisations de chômeurs. Grâce à notre double activité militante au NPA et à AC!, nous avons organisé une réunion unitaire locale avec tous les signataires nationaux du collectif Droits nouveaux et c’est comme ça qu’ont démarré les marches contre le chômage, les précarités et les licenciements. À cette occasion plusieurs événements ont eu, ou vont avoir lieu dans la ville et sa banlieue, que ce soient des diffusions de tracts communs avec des salariés de boîtes en lutte, comme Renault Trucks, Sanofi Aventis, la SNCF ou des rencontres avec des centres sociaux de banlieue...
Ce week-end, une soirée bouffe/concert a été organisée pour soutenir financièrement le mouvement. Une centaine de personnes étaient présentes, dont quelques militants du NPA, mais pas autant qu’on espérait. Jeudi 3 décembre, les marcheurs venus de Montluçon et de Clermont-Ferrand vont nous rejoindre, et une première marche aura lieu vendredi 4, entre Vénissieux et Vaulx-en-Velin, deux villes symboles de l’exclusion dans le département. Et enfin samedi 5 décembre, une grande marche partira de Vaulx-en-Velin pour se rendre à la Bourse du travail de Lyon, après un périple de onze kilomètres. On espère à cette occasion rallier le maximum de personnes afin de clore en beauté cette quinzaine de mobilisations.
Comment expliquer que cela ait si bien pris à Lyon ?
Une des raisons de la réussite de l’organisation des marches est notre présence, avec Cédric, au NPA et à AC! Ensuite les signataires nationaux de Droits nouveaux nous ont rejoints, ainsi que Solidaires et des associations telles qu’Attac. Tous ont répondu à l’appel, plus d’autres comme la CNT ou la Fédération anarchiste. Nous avons ensuite contacté les boîtes en lutte de la région via les syndicats CGT et SUD Solidaires, quand ils étaient présents.
Quelles suites à donner au mouvement ?Le principal objectif est de prolonger le collectif unitaire, voire de l’élargir, et donc de prévoir d’autres actions rapidement, afin de montrer notre détermination à ne pas en rester là. Nos revendications sont claires et précises : gratuité des transports, fin du 3949*, de l’offre raisonnable d’emploi, réduction du temps de travail et la fin du flicage des chômeurs. En gros, on demande un vrai service public de l’emploi et on lutte contre l’institutionnalisation de la précarité. Mais notre plus gros chantier concerne l’implication des précaires dans les luttes, car jusqu’à présent, on constate une mobilisation des militants, associatifs ou politiques, mais peu de chômeurs, de travailleurs précaires nous ont rejoints. Un fort sentiment de résignation et d’abattement règne au sein des plus démunis de la population, et leur redonner l’envie de lutter collectivement est notre priorité. Quels sont les liens avec le reste de la France ? On peut voir qu’il y a une vraie mobilisation des précaires du NPA, et ce dans toute la France. De plus, la commission précarité s’agrandit au fil des mois, et ceci en partie grace aux Marches. Le rôle du parti dans cette lutte devrait être primordial, car la précarité concerne largement notre électorat et les gens qui se reconnaissent dans les valeurs que prône le NPA. Mais il faut constater que pour l’instant le combat que mènent les chômeurs n’attire pas encore tout le parti derrière lui. Le soutien est là, mais dans le concret, ce sont les précaires du NPA qui agissent pour l’essentiel. Il faut reconnaître que la multiplication des luttes ainsi que la proximité avec les élections régionales ne jouent pas non plus en notre faveur. *Numéro d’appel unique de Pôle Emploi injoignable...
Propos recueillis par Leila Chaibi