Il aura fallu attendre 2009 et l’acharnement du docteur Irène Frachon pour que le Mediator des laboratoires Servier, accusé d’avoir causé plus de 500 morts, soit retiré du marché par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Une attente coupable puisque cet antidiabétique, largement utilisé comme coupe-faim, avait été retiré du marché américain dès… 1997. En France, la revue indépendante Prescrire avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur ce produit responsable de destruction des valves cardiaques.Un scandale de plus pour l’Afssaps, une autorité vampirisée par sa collusion avec les laboratoires pharmaceutiques. Sur 675 personnes siégeant dans cette organisation, 62,4 % déclarent avoir des intérêts dans l’industrie pharmaceutique. Une structure publique censée être « indépendante », mais financée (en 2003) à 83 % par l’industrie pharmaceutique et à seulement 6,4 % par l’État, qui devrait s’en retirer définitivement en 2011.Ce scandale sanitaire a fait gagner 1 milliard d’euros au groupe français Servier. Son PDG avait reçu la Légion d’honneur de Sarkozy en personne avec ces mots : « Vous n’avez eu de cesse de prendre des risques […] Vous critiquez l’empilement des normes, des structures et vous avez raison. »C’est dire que Sarkozy n’a pas peur de confier notre santé aux labos et aux assureurs. Dans le nouveau gouvernement, en charge de la santé : Nora Berra qui travaillait pour les laboratoires entre 1999 et 2009 ; Xavier Bertrand, un ancien responsable des assurances ; Roselyne Bachelot, une autre ancienne de l’industrie pharmaceutique. Après avoir organisé la casse de l’hôpital public avec la loi HPST, elle va piloter le dossier de la « dépendance », annoncée par Sarkozy comme la « grande réforme » de la fin du quinquennat. Si on se souvient que les experts de sa grippe étaient en fait liés à l’industrie de la vaccination, on voit dans quel sens iront ses « solutions », celle des assurances privées.