Publié le Mardi 11 février 2025 à 12h30.

Mobilisations au Festival international de la bande dessinée

La 52e édition du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD) s’est déroulée du 30 janvier au 2 février. Chaque année, ce rendez-vous permet aux acteurEs de la bande dessinée, et plus généralement de la culture, de visibiliser et dénoncer les problématiques qui structurent leur secteur.

Il y a deux ans, les auteurEs et éditeurEs s’étaient mobiliséEs pour dénoncer la mise en valeur de l’œuvre de Bastien Vivès dans une exposition, pointant du doigt la fétichisation de l’inceste et la pédopornographie, ainsi que la campagne de harcèlement qu’il a mené contre l’autrice féministe Emma. Cette mobilisation a mené à la création du compte Instagram MetooBD.

Gestion toxique des relations de travail

Cette année, quelques jours avant le début de l’événement, la journaliste Lucie Servin de l’Humanité a publié deux articles faisant apparaître la gestion violente du festival par la société 9e Art+ et son délégué général, Franck Bondoux, qui gèrent le FIBD. Les articles mettent en avant l’orientation mercantile que prend le festival : partenariat douteux avec Quick, hausse de 25 % du prix du billet, choix d’expositions dictés par des partenariats avec de grosses structures. Pour Franck Bondoux, le FIBD « est une marque » qui « adopte des comportements calqués sur ceux des grandes enseignes ». Dans le même temps, les articles révèlent la gestion toxique des rapports de travail au sein de 9e Art+ : burn-out répétés des salariéEs et licenciement de la responsable de la communication après dénonciation d’un viol subi durant la 51e édition. StupéfaitEs face à ces révélations, les auteurEs et éditeurEs se sont mobiliséEs pour manifester leur solidarité avec la victime et leur souhait de voir une autre organisation prendre la direction du FIBD. Malgré différentes pressions, on a pu voir sur de nombreux stands et dans les rues des affiches « Chloé, on te croit » et, sur les réseaux, fleurir des dessins d’auteurEs en colère contre 9e Art+.

Un festival off et 500 manifestants

En parallèle du festival sont également organisés de nombreux évènement et expositions off. La maison des Peuples et de la Paix a mis à l’honneur le travail d’Ana Pich (dessinatrice et journaliste qui travaille sur les violences judiciaires) et Mohammad Sabaaneh (auteur de BD palestinien), et organisé une table ronde avec des syndicats d’artistes-auteurEs et d’étudiantEs en art.

Depuis trois ans, les étudiantEs en art organisent un carnaval le samedi après-midi. Destiné au départ à visibiliser la situation de leur école, la parade s’est ouverte cette année plus largement : « anticapitalistes, féministes, antiracistes, écologistes, pour la sauvegarde des cultures populaires et des services publics et des biens communs, pour des conditions de travail et de vie dignes, pour un monde solidaire contre toute forme d’oppression, de contrôle et de précarité ». Malgré l’arrêté préfectoral, 500 manifestantEs ont défilé en centre-ville aux cotés des Soulèvements de la Terre, Charente Palestine Solidarité, et de nombreuses autres organisations.

Comité charentais