On l’a appris sur France Info le 4 septembre : Pôle emploi est visé par une information judiciaire pour « harcèlement moral, mise en danger délibérée de la personne d’autrui, non-assistance à personne en danger, homicide involontaire et conditions de travail contraires à la dignité de la personne ». L’occasion pour France Info de lancer une enquête auprès des salariéEs du pôle public.
Cette enquête remet au grand jour le vécu quotidien des agents de Pôle emploi. Une série de suicides ou de tentatives avait déjà eu lieu dans les mois suivant la fusion entre l’ANPE et les Assedic, tant les salariéEs avaient été bousculés et méprisés. Dans un contexte de recherche permanente d’économies dans un métier fondé sur les relations avec le public, le mal-être et ses conséquences dramatiques sont inévitables.
Pressions et mal-être
La dégradation des conditions de travail inclut un flicage accru des conseillerEs, avec ce que la direction appelle les ORS (« observations de la relation de service ») qui consistent à normaliser un travail qui par nature ne peut l’être. La Direction générale a décrété que ces observations étaient obligatoires, mettant ainsi la pression sur les agentEs. Résultat : des convocations par la hiérarchie et une tentative de suicide à Poitiers le jour même d’une convocation à la direction régionale.
Autre situation : depuis la fermeture des agences l’après-midi, les agentEs se retrouvent à jouer les portierEs, en filtrant, via un interphone, les personnes qui ont rendez-vous et les autres… Ce n’est pas pour ça qu’ils ont été recrutés ! Et ce rôle est insupportable pour celles et ceux pour qui un service public doit être ouvert à touTEs sans restriction.
Augmentation de la charge de travail
Pour couvrir cette politique, la direction brandit la QVT (qualité de vie au travail) à toutes les sauces, avec force pseudo-concertations et « co-construction ». Des mots creux au service d’un seul objectif : faire adhérer les salariéEs aux objectifs de la hiérarchie ! Tout en continuant à dégrader les conditions de travail...
La charge de travail ne cesse d’augmenter : plan gouvernemental sur la formation (PIC, « plan investissement compétences », décidé par le gouvernement, 15 milliards d’euros pour former 1 million de chômeurEs et 1 million de jeunes), nouvelle convention assurance-chômage avec extension (limitée certes) aux démissionnaires et aux indépendantEs…
Et c’est dans ce contexte que la ministre Pénicaud ose affirmer que les agentEs sont trop nombreux en annonçant des suppressions de postes (4 000 est un chiffre qui circule) dans le prochain projet de loi de finances.
Cela ne fait aucun doute : le 9 octobre, les agentEs de Pôle emploi seront en grève et dans la rue !
Correspondant