Depuis la Nouvelle-Calédonie, Valls avait organisé la mise en scène des provocations policières avant les défilés du 1er Mai, en appelant chacun à « prendre ses responsabilités, quand on organise une manifestation », ajoutant « les mises en cause du travail des forces de l’ordre ne sont pas admissibles ». Par avance, il couvrait sa police et désignait aussi les responsables, les organisateurs avec en première ligne les organisations syndicales...
Depuis deux mois qu’a commencé le mouvement contre la loi travail, le gouvernement utilise sa police pour créer un terrain favorable aux incidents comme aux provocations avec la complicité des médias qui les relaient complaisamment. Les CRS se mettent au contact direct des manifestants, multipliant les gestes brutaux et les attitudes provocatrices. Ils interviennent dans les cortèges comme ils l’ont fait le 1er Mai à Paris, coupant en deux le début de la manifestation puis empêchant celle-ci d’avancer normalement. La mise en scène passe par un large usage des bombes lacrymogènes. À la fin des manifs, les policiers vont à la pêche pour arrêter des jeunes afin de « faire du chiffre ». Les CRS placés par le ministre de l’Intérieur et les préfets dans de telles situations s’affolent. On a pu voir des coups de poing en plein visage sur des manifestants menottés lors de l’évacuation très musclée de Nuit debout place de la République à Paris, des coups de pied contre des passants. À Rennes, un étudiant a perdu un œil à la suite d’un tir de flash-ball.
Lundi, 47 lycéens du 92 ont été convoqués à la Sûreté territoriale de Nanterre, suite à leur participation au mouvement sur leur établissement avant les vacances scolaires. Et les 13 qui se sont présentés ont immédiatement été placés en garde à vue...
En organisant ce harcèlement policier, le gouvernement recherche délibérément un pourrissement de la situation. Il veut empêcher le mouvement de s’élargir, salir l’image de celles et ceux qui contestent sa politique réactionnaire, antisociale. Alors que commence le débat parlementaire, sans majorité, dépourvu de toute autorité y compris sur ses propres troupes, il est aux abois, agresse avec arrogance pour tenter vainement de rallier à lui l’opinion la plus conservatrice et réactionnaire contre le monde du travail et la jeunesse. Une politique qui l’affaiblit encore plus. Imposer le retrait, c’est possible si nous nous y mettons tous ensemble…
Yvan Lemaître