En allumant leur radio le lundi 25 novembre, les auditeurEs de Radio France ont entendu… de la musique. Pas de matinale de France Inter, d’importantes perturbations sur le réseau France Bleu, pas de flashs ni de journaux sur France Info… L’appel à la grève, lancé par cinq syndicats, a été particulièrement suivi.
« Les salariés de Radio France refusent en bloc la baisse de la dotation de l’État, décision unilatérale qui s’inscrit dans la droite lignée de la casse généralisée du service public. Les salariés de Radio France refusent en bloc le projet porté par la PDG de Radio France, qui implique de faire plus avec moins. Les salariés de Radio France refusent en bloc de voir l’affaiblissement organisé de l’entreprise à laquelle ils sont tant attachés. » Dans un communiqué publié le 25 novembre, le Syndicat national des journalistes (SNJ) Radio France se réjouissait de la mobilisation et rappelait les raisons de la colère : un « plan d’économies » de 60 millions d’euros présenté par la direction au printemps dernier, qui avait alors déjà provoqué un important mouvement de grève, qui prévoit notamment la suppression de 299 postes.
Austérité à tous les étages
Cette importante diminution des effectifs ne serait pas la seule conséquence du « plan d’économies ». On parle en effet, entre autres, de « fermeture de bureaux d’information régionale à Toulouse et Marseille, réduction des captations de concerts à France Musique, suppression de la rédaction de FIP, […] qui entraînera la disparition des flash infos »1 En d’autres termes, encore et toujours de l’austérité et, corollaires, une dégradation des conditions de travail de salariéEs et de la qualité des programmes du service public.
Et ce n’est pas tout. Comme le rappelait le SNJ-CGT dans un tract daté du 25 novembre, « les services de documentation, déjà durement touchés par les précédentes suppressions d’emplois, connaîtraient une nouvelle saignée de près d’un tiers de leur effectif ! Idem pour le Chœur de Radio France, seul Chœur symphonique professionnel de France, pour qui ce plan serait également un véritable massacre avec la suppression là aussi d’un tiers de l’effectif. »
Management néolibéral
La présidente de Radio France, Sibyle Veil, est une parfaite soldate de la Macronie, dont le CV en dit long. Comme le relevait Acrimed lors de sa désignation en 2018, « entre 2007 et 2010, elle officie au cabinet du président de la République, Nicolas Sarkozy, qu’elle conseille en matière de travail, de santé, de logement et sur les autres sujets sociaux. En 2010, elle rejoint l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) en tant que directrice du "Pilotage de la transformation", poste qu’elle quittera en 2015 pour devenir directrice déléguée, en charge des opérations et des finances, de Radio France. »2 Un pur produit de la haute administration, spécialiste du « management » néolibéral, qui n’a jamais été journaliste (ce qui n’est certes pas, en soi, une garantie), et qui est issue de la même promotion de l’ENA qu’un certain… Emmanuel Macron.
Autant dire que les salariéEs de Radio France ont toutes les bonnes raisons de s’opposer à cette énième offensive contre le service public radiophonique, qui s’inscrit dans une politique globale de « réduction des coûts » aux conséquences catastrophiques. Et autant dire que le succès de la grève de Radio France est un encouragement pour les grèves à venir !
Correspondant
- 1. Acrimed, « Radio France : les sévices publics de Sibyle Veil », 20 novembre 2019.
- 2. Acrimed, « Les candidatures à la présidence de Radio France : casting tragique au CSA », 10 avril 2018.