Au moment où les catastrophes liées au climat se multiplient, le climat social semble lui bien calme. Alors que Macron, Valls et Gattaz multiplient provocations et annonces qui préparent de nouvelles attaques contre les travailleurEs, les directions syndicales se complaisent dans une discrétion qui cache mal un accompagnement plus ou moins profond.
Les mobilisations du début d’année 2015 ont été contrastées. D’un côté, la défaite orchestrée par les directions syndicales de l’exceptionnelle mobilisation des salariéEs de Radio France, de l’autre la grande détermination des salariéEs du commerce parisien organisés autour du collectif unitaire CLIC-P. Entre deux, les larges mobilisations dans la santé et notamment dans l’AP-HP résistant aux entreprises de découragement des responsables syndicaux du secteur.
La seule initiative nationale significative aura été la journée de mobilisation du 9 avril relevant plus du rituel que d’une volonté de regrouper les colères. Enfin, l’opiniâtreté de quelques militantEs et structures syndicales permettait la réussite à Paris du bal des répriméEs le 3 juillet.
Rentrée de demi-saison
C’est dans la même configuration que l’on semble se retrouver en cette rentrée. Le secteur de l’hôpital plante dans le décor les journées du 10 (assemblées générales) et du 17 septembre (grève nationale) pour repartir au combat contre les plans Hirsch-Touraine après un été où les mobilisations éclatées se sont poursuivies. Le CLIC-P s’apprête à ressortir les drapeaux contre les décrets d’application de la loi Macron qui visent à multiplier les Zones touristiques internationales. Et rentrée des classes ne rime pas avec entrée en lutte pour une FSU dont le gouvernement semble espérer un accompagnement – à peine critique – des réformes mises en place.
L’organisation de la riposte contre la répression antisyndicale illustre les problèmes auxquels est confronté la construction de la mobilisation. Les ripostes sectorielles et/ou locales se maintiennent pendant que les directions nationales peinent à accorder leurs calendriers, avec un rassemblement CGT le 23 septembre et la mobilisation de soutien à l’Inspectrice du travail de Besançon initiée par Solidaires le 16 octobre...
Devant nous des batailles décisives
Mais le plus inquiétant concerne l’attentisme des confédérations et fédérations dans la construction d’une mobilisation globale contre la politique d’un gouvernement qui s’affirme de plus en plus clairement comme le meilleur défenseur des intérêts du patronat. Ainsi, la journée de mobilisations du 8 octobre est présentée par la CGT comme la continuation du 9 avril ! La FSU et Solidaires ont d’ores et déjà rallié une journée que FO hésite à inscrire dans son calendrier.
Pour la direction confédérale CGT, cette journée s’inscrit dans un ensemble d’initiatives, avec sept meetings régionaux et un à la Mutualité à Paris le mercredi 9 septembre qu’il faut lier aux 2 000 rencontres avec les syndicats CGT dans tout le pays. En effet, à quelques mois d’un congrès confédéral dont l’enjeu principal est la reprise en main d’un appareil déstabilisé par la crise de direction, la direction confédérale est dans l’obligation de rendre visible une CGT qui est peut être à la veille de perdre son « titre » de première organisation syndicale française.
Mais ce sont des batailles aux enjeux bien plus décisifs qui sont devant nous, au moment où crise économique et rapacité patronale se conjuguent en multipliant les attaques contre les travailleurEs.
Robert Pelletier