Après la formidable mobilisation du 7 septembre, les conditions sont rassemblées pour changer le rapport de forces, à condition que la gauche reste unie pour défendre le retrait du projet de loi. Depuis le début de la campagne, de la mobilisation contre le projet de loi sur les retraites, en mai dernier, quelque chose a changé. Après le 24 juin, c’est évidemment le succès historique du 7 septembre dernier avec près de 3 millions de manifestants qui modifie la donne. Désormais nous sommes nombreux, très nombreux à penser que c’est possible, que nous pouvons faire reculer le gouvernement et donc lui infliger, enfin, une défaite. Après le succès du 7, l’intersyndicale a majoritairement décidé d’une nouvelle journée de grève et de manifestations le 23 septembre. Cette date, pour les équipes militantes les plus engagées, a suscité une forte déception car elle ne semblait pas répondre aux exigences de la situation. Mais, au-delà, cette date, permet aujourd’hui de mobiliser plus largement les salariés sur le fond de la réforme et sur la possibilité de gagner par la mobilisation. Nous devons donc tout faire pour que cette nouvelle journée soit encore plus forte que celle du 7 et que la question de la reconduction de la grève soit posée. Si gagner devient possible, nous devons dire tous ensemble que cette réforme n’est ni négociable ni amendable et qu’il n’y a aucun arrangement possible. La gauche sociale et politique doit réclamer clairement, non pas la réécriture du projet de loi, mais son retrait pur et simple. Car l’enjeu n’est pas que Sarkozy lâche du lest mais qu’il lâche l’affaire et pour cela, la gauche – toute la gauche – ne doit rien lâcher. La droite est divisée, fragilisée, empêtrée dans les « affaires » qui n’en finissent plus mais elle reste unie, droite dans ses bottes pour défendre ce projet de loi injuste. Face à cette droite qui défend coûte que coûte sa classe, nous devons montrer une gauche qui s’assume pleinement, qui exige une autre répartition des richesses, qui défend unitairement la retraite à 60 ans, à taux plein, sans allongement de la durée de cotisation. Sur ce dernier point de nombreux désaccords existent dans la gauche, en particulier avec le Parti socialiste qui vient de voter à l’Assemblée nationale, avec la droite, l’allongement de la durée de cotisation à 41,5 annuités. Ce qui remet évidemment fortement en cause le départ à la retraite à 60 ans pour la majorité des salariés. Dire, comme le PS, qu’on est pour la retraite à 60 ans mais voter l’allongement de la durée de cotisation, revient à faire sauter la retraite à 60 ans et à accepter de baisser encore davantage le montant des pensions. Car si nous faisons le bilan des réformes successives sur les retraites, depuis 1993, on constate que la majorité des salariés n’acquièrent pas le nombre d’annuités nécessaire et que la principale conséquence de toutes ces réformes est la baisse du montant des retraites qui, en près de 20 ans, a baissé de 15 à 20 %. Gagner maintenant, c’est possibleNous voulons obtenir le retrait de ce projet de loi et c’est maintenant et dans la rue que ça se passe. Maintenant et pas en 2012 comme nous le promettent certains dirigeants du Parti socialiste. Car les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient, et le PS n’est malheureusement jamais revenu sur les contre-réformes des retraites réalisées par la droite avant son arrivée au gouvernement. La bataille contre Sarkozy, pour le retrait, c’est bien maintenant que ça se joue et c’est possible. Prendre sur les profits, répartir le temps de travail pour profiter tous et toutes de nos retraites, ce n’est pas de l’utopie, ce n’est même pas le socialisme, mais il faut l’imposer en inversant le rapport de forces. Après le 7 septembre, le climat social et politique est favorable. Et si nous voulons infliger une défaite à ce gouvernement, le 23 septembre doit être le début d’un mouvement d’ensemble, une grève générale qui bloque le pays. D’ores et déjà, des appels de structures syndicales, d’intersyndicales locales appellent à la reconduction. Le climat montre que nous pouvons gagner. Nous avons gagné en 1995, nous avons gagné contre le CPE, nous pouvons et devons le gagner aujourd’hui. C’est possible. Sandra Demarcq
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