La journée de grève et de manifestations du 23 septembre ne suffira pas pour stopper la contre-réforme des retraites. Nous devons maintenir la lutte dans tous les secteurs, nous organiser, maintenir la pression sur ce gouvernement illégitime. La grève générale doit elle aussi être préparée et revendiquée par toutes et tous. Ne nous le cachons pas, les grèves et manifestations de ce jeudi 23 septembre ne suffiront pas à faire reculer le gouvernement. Sarkozy a décidé de faire de l’adoption de cette violente contre-réforme le symbole de son quinquennat. Malgré les déclarations affirmant qu’il s’agirait de la dernière grande réforme de son mandat, il est prévu, dans les mois qui viennent, de nouvelles attaques contre la Sécurité sociale, la fonction publique, sans parler de la médecine du travail assassinée discrètement dans le cadre de la loi sur les retraites ou de la suppression des maigres avantages accordés aux nouveaux couples. Dans le cadre du futur budget, on peut être sûr que les niches fiscales des riches vont être préservées, tandis que celles des petits budgets vont être liquidées.Rien que pour cela notre réponse doit être à la hauteur de ces enjeux. Mais la colère que beaucoup expriment ne se limite pas à la question des retraites. Affaires maffieuses mettant en cause les ministres et leurs copains-coquins, conditions de travail, salaires, racisme et tout simplement les difficultés grandissantes à boucler les fins de mois : les raisons de notre colère sont nombreuses et partagées par toutes et tous. Le mépris et l’autoritarisme affiché par ce gouvernement sont à la mesure de son discrédit. Sa volonté de précariser toujours plus les jeunes, les femmes et les immigrés s’affichent chaque jour au travers des multiples mesures répressives contre les uns, les décisions de justice confortant les véritables assassinats par la police. Et encore la suspicion jetée sur les agents de la fonction publique dont les arrêts de travail vont être passé au peigne fin. Et pourtant, malgré toutes ses agressions, on sent des hésitations chez les salariés.Pourtant les trois quarts des Français refusent le report à 62 et 67 ans des âges légaux de droit à la retraite et de droit au taux plein. Mais, dans les vestiaires des cheminots, on entend : « on veut bien y aller mais pas les premiers ». Dans les salles des profs : « D’accord pour se mobiliser dans la durée, mais pas tous seuls ». Dans les bus des salariés de l’automobile : « oui à la grève générale mais pas que pour les retraites. Pour l’emploi, les conditions de travail et les salaires ». Même si dans la chimie, certains hôpitaux, les territoriaux de différentes localités, des équipes syndicales affirment leur volonté de poursuivre après le 23, on sent des hésitations, un manque de confiance. Même si des intersyndicales locales s’engagent unitairement avec la volonté de prolonger la mobilisation. Il faut reconnaître que l’attitude des principales confédérations syndicales n’apporte pas cette confiance indispensable : pas d’unité sur le fond des questions, même pas d’accord sur le refus du projet gouvernemental, pas de perspectives de mobilisations, fixées à l’avance qui puisse être proposées, discutées, reprises par les assemblées de salariés grévistes ou non. On nous ballote du 13 au 15 septembre pour « atterrir » sur le 23. Et après ? Le 29, au niveau de l’Europe ? Le 2, le 3 octobre, ou le 9 ? Mystère des états d’âme de Chérèque, Thibault ou Mailly. Le premier attendant que les propositions de Bayrou sur l’annulation du report à 67 ans soient acceptées pour crier victoire, le deuxième constatant que « tout le monde n’est pas prêt », le troisième refusant de politiser les questions sociales pour mieux les laisser aux politiques. Justement, parlons-en. En effet pour les partis politiques de « gauche », les discrédits accumulés par leurs passages au gouvernement sont profonds, durables, ancrés dans les consciences. Car bien sûr, ils n’ont pas abrogé les mesures Balladur de 1993, première grande atteinte au droit à la retraite. Car, bien sûr, ils affirment refuser les reports d’âge et s’engagent, pour certains, timidement, à les annuler s’ils revenaient aux « affaires » mais approuvent l’augmentation de la durée de cotisation. Pourtant la partie n’est pas jouée. Des dizaines d’équipes syndicales de Solidaires, de la CGT, de la FSU voire de la CFDT, FO ou autres sont convaincues de la nécessité de hausser le ton, de faire grandir la mobilisation, d’aller vers cette grève générale bloquant l’activité sociale et économique. Alors, sans relâche, il faut débattre, proposer dans les assemblées générales, les réunions syndicales ou intersyndicales, les meetings unitaires. Convaincre et s’organiser. Comités de grèves, de lutte, de mobilisation, intersyndicales, coordinations peuvent et doivent se développer, se faire connaître, se rencontrer pour construire le tous ensemble qui seul peut faire reculer ce patronat et ce gouvernement de lutte de classes. Robert Pelletier