Depuis le mardi 7 septembre, 900 députés et sénateurs s’apprêtent à voter le projet de loi de contre-réforme des retraites. Nous serons des millions pour le combattre. Le report de l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, dont le gouvernement prétend qu’il va répondre aux problèmes démographiques et de financement des retraites, ne fera que pénaliser davantage encore les ouvriers dont l’espérance de vie à 35 ans est inférieure de sept ans à celle d’un cadre (et d’un ministre !) avec une espérance de vie en bonne santé qui n’est, en moyenne, que de 64 ans. L’allongement de la durée de cotisation jusqu’à 41,5 annuités va réduire les pensions des femmes, et pousser davantage tous ceux dont les carrières sont incomplètes vers la précarité, sauf à travailler jusqu’à 67 ans à l’hôpital, à l’école, à la caisse du supermarché ou à la chaîne. Le démagogique alignement des cotisations des salariés du public sur ceux du privé n’aura comme résultat que de baisser leurs salaires de 10 %. L’allongement de la durée de cotisation pour ceux qui ont subi des carrières longues diminuera de moitié le nombre des bénéficiaires (de 100 000 aujourd’hui à 50 000 après la réforme), souvent des ouvrierEs, employéEs, uséEs par le travail et qui seront obligéEs de travailler plus longtemps pour ne pas se retrouver dans la misère. La pénibilité permettant le départ avant la mort ou le handicap grave sera désormais individualisée et accordée seulement en faisant la preuve que l’on est déjà atteint de 20 % d’incapacité. Il ne s’agit même plus de compensation différée mais d’un véritable déni de justice sociale. Toutes ces mesures, dont le gouvernement prétend qu’elles sauvegarderaient notre système de retraites par répartition, ne visent qu’à le décrédibiliser, le saboter. Elles visent à prendre toujours plus aux plus pauvres et aux plus démunis, tout en exonérant les plus riches de toute contribution. Charge, à ceux qui pourront se le permettre, de percevoir des pensions acceptables à condition de compléter celles de la Caisse d’assurance-vieillesse par celles des fonds de pensions, des assurances privées qui n’attendent que cela pour empocher les millions d’euros qui leur échappent encore. Qui sont ceux qui prétendent nous imposer ces reculs sociaux ? De Besson à Hortefeux en passant par Estrosi, les ministres du gouvernement Sarkozy-Fillon sont des racistes qui expulsent par milliers chaque année les plus démunis, les plus en difficulté et tentent de détourner notre colère sur les Roms et les gens du voyage avec des lois et des mesures dignes de Pétain. Woerth, l’homme du bouclier fiscal pour les plus riches et qui va défendre ces reculs sociaux, n’est que l’un de ces tricheurs qui trafiquent avec leurs copains, ceux dont les bénéfices, pour les membres du CAC 40, ont doublé au premier semestre pour atteindre les 40 milliards d’euros. Des menteurs qui remercient ces milliardaires de leur soutien financier d’abord en votant les lois qui leur conviennent mais aussi en leur distribuant médailles et décorations. Et ces menteurs ne l’avouent que pris en flagrant délit. Ceux-là, oui, méritent mille fois l’expulsion... du gouvernement, du pouvoir. Mais ils ne se laisseront pas faire. Ils sont forts de nos faiblesses. Les échecs de ces dernières années sur la privatisation d’EDF-GDF, les régimes spéciaux de retraites notamment dans l’Éducation nationale, la réorganisation et les salaires à la SNCF et les dizaines de luttes difficiles contre les licenciements et fermetures d’entreprises ont rendu beaucoup d’entre nous sceptiques sur la possibilité de gagner par les luttes. Pour imposer le retrait de la loi sur les retraites, pour faire reculer ce gouvernement, nous devons nous mobiliser. Les dizaines de milliers de manifestants, samedi 4 septembre, contre la politique raciste et sécuritaire du gouvernement, ont crié leur désaveu et leur colère contre ce gouvernement. La participation de trois millions de travailleurs à la journée de grèves et de manifestations du 7 septembre ne suffira pas. Dès le 8, nous devons nous réunir sur tous les lieux de travail pour décider collectivement de la poursuite de l’action. Dès la semaine prochaine, il faut engager le blocage de l’activité économique et sociale du pays. Il faut construire ensemble, unitairement, la grève générale, reconductible, qui seule pourra faire reculer ce pouvoir réactionnaire véritable porte-parole du Medef. Robert Pelletier