L’ordre a de la suite dans les idées, et l’esprit assez revanchard. Le dernier rebondissement dans l’affaire dite de Tarnac en est une nouvelle illustration.
En novembre 2008, une dizaine de militantEs de la mouvance « autonome », dont Julien Coupat, avaient été mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Sur la base du livre qu’ils avaient écrit, l’Insurrection qui vient, la police et les services de renseignement les soupçonnaient d’être impliqués dans une série de sabotages de lignes TGV commis en octobre et novembre 2008. À l’époque, le pouvoir sarkozyste et sa ministre de l’Intérieur, Alliot-Marie, entendait faire une démonstration de fermeté contre les milieux contestataires, mettant en scène la poigne de fer d’un État de plus en plus policier. Puis, six mois de prison plus tard pour Julien Coupat, l’affaire fit pschittt... Pas l’ombre d’une preuve à l’horizon, un dossier vide, l’illustration accablante, largement médiatisée, d’une (in)justice aux ordres.
AcharnementFin de la démonstration ? Pas du tout. La semaine dernière, à l’occasion d’une fuite malencontreuse dans la presse (!), on apprend que le parquet de Paris – comprenez le gouvernement – demande dans son réquisitoire définitif que les trois principaux mis en examen – Julien Coupat, Yildune Lévy et Gabrielle Hallez – soient renvoyés devant le tribunal correctionnel pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Rien de neuf dans les dossiers, mais si la justice de Hollande, Valls et Taubira s’acharne autant que celles de ses prédécesseurs, c’est surtout à cause de ce que pensent, écrivent et défendent ces trois militantEs, et la pantalonnade organisée qu’ils ont, malgré eux, contribué à dévoiler.La vengeance est un plat qui se mange froid. Derrière « l’esprit du 11 janvier » reste l’État. Leur État.