En 2017, au cours de sa première campagne présidentielle, Macron avait surpris en mettant l’éclairage sur la question du handicap. Il avait même pris quelques engagements... Cinq ans après, le jugement des associations est plutôt négatif. Ainsi, le Collectif handicap (plus de 50 associations regroupées) écrit-il rester sur sa faim et considère que, malgré quelques avancées, « le sentiment principal est celui d’une déception ». Il y a d’abord eu, au début du quinquennat, le très mauvais signal de la loi ELAN. Beaucoup attendaient un signal fort, répondant à l’exigence de l’accessibilité pour touTes, qui effacerait l’abandon de l’échéance de 2015 pour la mise aux normes concernant l’accessibilité urbaine. Mais voilà, la loi prévoit que seuls 20 % des logements d’un même immeuble « situés en rez-de-chaussée ou desservis par ascenseur devront être accessibles d’emblée ».
Deux autres gros dossiers n’ont pas avancé : l’emploi des personnes en situation de handicap reste un problème majeur, et aucune amélioration ne se profile. Le taux de chômage, en particulier de longue durée, est sans commune mesure avec les personnes valides. Et puis du côté des enfants, le dossier AESH n’a pas bougé, et les intéresséEs elles-mêmes et eux-mêmes s’organisent pour obtenir statut, salaire, formation, en rapport avec l’importance de leur tâche.
Le scandale de l’AAH
Et le quinquennat se termine par le scandale de l’Allocation adulte handicapé (AAH), ceci dans le plus pur style macronien. Alors que tout le monde semblait avoir compris les enjeux de la déconjugalisation de l’AAH, le gouvernement et sa majorité ont purement et simplement empêché l’adoption de cette mesure !
Toutes les associations la réclamaient, au nom de l’autonomie, pour des raisons financières, mais pas seulement – il s’agissait aussi de donner un vrai statut à la personne en situation de handicap ! Les organisations syndicales étaient sur la même position, ainsi que touTEs les parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale, à l’exception des godillots Modem et LREM. Au bout du compte, Macron s’est obstiné, et cela nous vaut aujourd’hui l’étonnant spectacle de voir apparaître cette mesure dans le programme de touTEs les candidatEs à cette élection – sauf celui du président... mais il est vrai qu’il ne va quand même pas s’abaisser à avoir un programme !
Un revenu, c’est un dû... même après la présidentielle !
Bien entendu, le NPA s’associe à la revendication, si largement partagée, de la déconjugalisation de l’AAH. En effet, les personnes en situation de handicap, comme toutes les autres, doivent pouvoir disposer d’un revenu leur permettant de vivre sans dépendre d’unE conjointE. Mais au-delà, nous pensons que c’est d’un revenu décent dont doivent disposer les personnes qui actuellement touchent l’AAH. Qui peut vivre avec moins que le SMIC ? Qui peut vivre avec 903,60 euros ?
Philippe Poutou continuera donc de porter, lors de cette élection, l’exigence d’un revenu pour toutes et tous égal au moins au SMIC. Mais nous savons bien que cela ne suffira pas, et que la presque unanimité pour la déconjugalisation risque, dès le 25 avril, de sombrer dans l’oubli... jusqu’à la prochaine élection.
Il faudra donc se tenir prêt, aux côtés des personnes en situation de handicap, de leurs associations, actrices et acteurs de la mobilisation, à se battre pour la satisfaction de leurs revendications. De façon plus générale, il faudra continuer à faire monter l’exigence du droit, pour les personnes en situation de handicap, d’avoir toute leur place et de vivre à égalité dans une société juste et solidaire...
À suivre, la semaine prochaine : « Handicap : l’égalité, pas la charité ! (2/2) : inclusion, institutionnalisation, égalité des droits ! ».