225 000 dollars la place pour voir l’épave du Titanic à 4 000 mètres de fond dans l’Atlantique Nord. Un tourisme d’élite et du risque, accessible seulement à cinq milliardaires à la fois… morts quelques heures après leur départ.
Dix jours avant cette expédition, un autre naufrage faisait l’actualité : celui des migrantEs venus de Libye pour rejoindre l’Europe, fuyant la faim, la misère et la guerre. Ayant payé une somme exorbitante — pour eux — pour s’entasser sur un rafiot.
Deux drames traités différemment ! D’un côté, des jours de recherche, 8 navires avec sonar à balayage latéral, robot sous-marin, 1 navire du groupe pétrolier norvégien DOF avec robots sous-marins et 1 avion de reconnaissance C-130. Un défilé d’États rivalisant froidement sur le terrain technologique et scientifique, dont la France avec son robot Victor 6 000.
De l’autre, rien… Un ballet de bateaux commerciaux, de garde-côtes et de garde-frontières, sans aucun doute moins préoccupés de sauver les 750 passagerEs que de les refouler vers un autre littoral que celui de Grèce. Seuls une centaine ont été retrouvés.
Si une vie ne vaut pas plus qu’une autre, si les disparuEs de l’Atlantique et de la Méditerranée devaient être sauvés, ce qui ne doit pas l’être, c’est ce monde !
Ce monde dans lequel les frontières tuent, les passeurs tuent, dans lequel la débauche de moyens techniques est réservée au service des États puissants qui refoulent, emmurent et noient, où la vie d’un enfant syrien ou pakistanais se noie dans un océan d’indifférence !
Ce monde dans lequel l’enquêteur en chef des garde-côtes américains peut déclarer à propos du sous-marin Titan : « Mon objectif principal est d’empêcher un événement similaire en formulant les recommandations nécessaires pour améliorer la sécurité du secteur maritime dans le monde entier », alors qu’il sait très bien que le submersible défiait toutes les règlementations en vigueur !
Dans un monde où l’entrepreneur malin, de préférence homme, blanc et riche, a tout pouvoir pour s’affranchir des règles… on régule donc après la catastrophe plutôt qu’avant !
Deux tragédies, un même monde ! Celui du laisser-faire et de la libre entreprise, celui des frontières et des États impérialistes, « gentils » avec les puissants, « méchants » avec les dominéEs !