À l’initiative du collectif Vies Volées et du comité Adama, les collectifs des familles de victimes des violences policières ont lancé un appel à une marche contre les violences policières le 14 mars prochain.
Rappelant que les brutalités de la police contre les mouvements sociaux étaient « auparavant réservées aux quartiers populaires », l’appel énonce clairement que « ce ne sont pas des "bavures" ni des "dérapages", mais des pratiques régulières autorisées par un État qui assume de pouvoir blesser grièvement, mutiler ou tuer un homme pour un contrôle d’identité ». L’appel demande entre autres l’interdiction des techniques mortelles d’immobilisation et des armes de guerre.
Enfin !
Cela fait des années (des décennies ?) que les familles de victimes se battent, souvent dans l’isolement quasi complet pour obtenir « vérité et justice » et dénoncer l’impunité policière. Plus de dix ans notamment pour Lamine Dieng tué en 2007 ou Ali Ziri tué en 2009. Et la liste est longue. Cet appel marque la fin de cet isolement. La liste des soutiens est impressionnante, députéEs, artistes, sportifs et sportives, personnalités intellectuelles, syndicalistes (dont Philippe Martinez).
À cela deux raisons. Tout d’abord l’acharnement et la détermination des familles et des réseaux de soutien pendant des années. Ces deux dernières années les mobilisations et la visibilité médiatiques s’étaient développées, ce dont témoignent l’écho autour du cas de Adama Traoré et du comité Adama, et les succès relatifs des manifestations de la Marche des Solidarités en 2019 et 2020.
L’autre raison est la généralisation de ces violences, hier largement cantonnées aux quartiers populaires, qui se multiplient désormais contre les mouvements sociaux, spécialement l’an dernier contre les Gilets Jaunes et cette année contre le mouvement s’opposant à l’attaque sur les retraites.
Racisme
Au-delà des soutiens enregistrés, il faut désormais que le succès dont témoigne cet appel se traduise par une mobilisation massive dans la rue le 14 mars.
Mais cela suppose aussi l’articulation avec la mobilisation contre le racisme. Les violences policières font effectivement partie d’une logique d’État. Elles ne sont ni des bavures individuelles ni des excès temporaires mais font partie du répertoire d’imposition de l’ordre dominant.
Hier comme aujourd’hui cette violence était la norme dans la « gestion » des quartiers populaires et aussi dans la répression des sans-papiers et migrantEs, cibles désignées pour ce qu’elles sont, et faisant adhérer à l’État et à son bras armé. Un des ressorts de cette adhésion est le racisme et son autre face le nationalisme, qu’il s’exprime par les « valeurs » républicaines ou la lutte contre le communautarisme.
Si ces violences d’État se généralisent aujourd’hui au mouvement social c’est parce que cet ordre est contesté largement et concrètement. D’où l’importance d’articuler la mobilisation du 14 mars à toutes les luttes en cours mais aussi à la mobilisation du 21 mars à l’occasion de la Journée internationale contre le racisme. Pour que s’ancre et se généralise la solidarité de classe. Qui, par définition, à moins de se nier et d’être défaite, ne peut être à sens unique.
Les marches du 14 mars et du 21 mars auront par ailleurs lieu à la veille des deux tours des élections municipales. L’occasion de faire entendre, dans la rue, l’alternative à tous les discours sécuritaires et racistes et de s’opposer à la montée du fascisme.