Droit dans leurs bottes, le maître de Matignon et son valet Cazeneuve multiplient les déclarations haineuses d’appel à la répression contre le mouvement social. Après la destruction du bidonville de Calais et des campements de migrantEs parisiens, ce sont les occupants de la ZAD de Notre-Dame des-Landes qui sont à leur tour menacés d’expulsion « avant l’hiver »...
Mais au-delà de ces exemples fortement médiatisés, ce sont des centaines de syndicalistes, de manifestantEs et d’acteurs du mouvement social sur lesquels depuis un an s’abat la répression d’État.
Des chiffres impressionnantsD’après un recensement non exhaustif, établi par nos soins à partir de sources syndicales, de sites militants, d’articles parus dans la presse régionale, 725 personnes ont été ou sont actuellement poursuivies devant les tribunaux, licenciées ou sanctionnées pour fait de grève depuis un an. 390 audiences devant les tribunaux, conseils de discipline et autres instances disciplinaires se sont tenues ou vont se tenir... En ce qui concerne le nombre de personnes incarcérées au titre du mouvement social, nous ne pouvons que nous référer aux sources officielles : rappelons seulement que la chancellerie l’avait chiffré à 253 au début de l’été.Depuis 5 mois, trois personnes inculpés dans le cadre de la manifestation de riposte au rassemblement policier du 18 mai place de la République sont en détention préventive. Les chefs d’inculpation n’ont à ce jour pas été requalifiés, l’enquête continue, et ces camarades risquent toujours d’être déférés devant la cour d’assises...
Flics et juges plus que jamais mobilisés !D’aucuns auraient pu penser qu’après la séquence de lutte de haute intensité contre la loi travail du printemps et du début de l’été, le gouvernement décide d’une accalmie dans sa politique répressive. Au contraire, on assiste à un acharnement policier et judiciaire sans précédent, et de nouvelles inculpations pleuvent chaque semaine.C’est ainsi que 6 nouvelles personnes ont été mises en garde à vue, déférées au parquet, puis inculpées le 8 novembre... cinq mois après l’occupation pacifique du siège national du Medef par des militantEs syndicalistes, intermittents et précaires. Qu’importe que le dossier soit vide et les accusations de « violences, dégradations et vols » totalement fantaisistes ! Il s’agit là de faire payer au prix fort les éléments parmi les plus déterminés de l’opposition à la loi travail.
Ne pas se résigner, ne pas les laisser faire !Favorisé par la prolongation d’un état d’urgence devenu permanent, nous vivons depuis un an dans un État policier. L’élection présidentielle de 2017, le contexte international nauséabond, la stigmatisation raciste des réfugiéEs, ouvrent la voie à une surenchère sécuritaire sans précédent.Mais tout reste possible, comme en témoigne le grand mouvement social contre la loi travail et les grèves qui continuent, les manifestations, et les structures de mobilisation qui se créent...La question de la répression du mouvement social est centrale et le rassemblement d’Amiens en soutien aux inculpés de Goodyear mi-octobre a été un premier pas dans la constitution d’un « front du refus » contre la répression. Notre responsabilité est grande pour que celui-ci se renforce.
Alain Pojolat