En 1986, Chirac supprimait l’impôt sur les grandes fortunes (IGF). Une décision impopulaire qui allait contribuer à sa défaite en 1988. 30 ans plus tard, Macron, le président ni de gauche ni de gauche, supprime à son tour l’impôt sur la fortune (ISF) et le remplace par un cache-sexe baptisé impôt sur la fortune immobilière (IFI).
La politique fiscale en faveur non pas simplement des riches mais surtout en faveur de ses amis millionnaires ne s’arrête pas là. C’est aussi la mise en place de la « flat tax » de 30 % sur les revenus de l’épargne, c’est également la baisse de l’impôt sur les sociétés, le maintien du CICE… Et dans le même temps c’est 15 milliards de moins dans les dépenses publiques, la baisse des APL, le gel des salaires des fonctionnaires, la destruction du Code du travail, l’augmentation de la CSG, le contrôle des chômeurEs, la baisse des dotations aux communes… Même s’il affirme être le « président de tous les Français », Macron est bel et bien le président des millionnaires. Alors certes, Macron n’est pas le premier à multiplier les cadeaux aux plus riches. Ce fut le cas de Sarkozy avec, entre autres, le fameux « bouclier fiscal », mais aussi de Hollande avec notamment le plafonnement de l’ISF, qui permit par exemple à Liliane Bettencourt de ne pas payer cet impôt. Mais Macron va encore plus loin.
Encore plus riches
Bruno Le Maire l’a reconnu lui-même : avec sa réforme, le gouvernement va « rendre 400 millions d’euros aux 1 000 premiers contributeurs à l’ISF ». La suppression de l’ISF et son remplacement par l’IFI, c’est un cadeau de 3,2 milliards d’euros au total. Depuis sa fondation, l’ISF est un impôt bancal, exonérant l’essentiel du patrimoine des grandes fortunes. Avec la réforme de Macron, cette injustice va être renforcée, puisque les actifs mobiliers (actions, obligations, etc.) vont à leur tour sortir de l’assiette imposable. Or, il est bien connu que plus les ménages sont riches, plus la part de ces actifs est importante. Le ministère de l’Économie explique ainsi que, sous certaines conditions, un contribuable ayant 11 millions d’euros de patrimoine et qui aurait dû payer 108 690 euros d’ISF pourra désormais être assujetti à un IFI de… 0 euro ! Même constat pour la « flat tax » de 30 %. Son impact sera dégressif, et donc beaucoup plus avantageux pour les millionnaires que pour les petits épargnants. Et ne vous avisez pas de critiquer, on risque de pointer votre « jalousie » à l’égard des « riches » !
Toujours plus pauvres
La France compte, selon la définition retenue, entre 5 et 8,9 millions de pauvres, avec une très forte progression depuis 2008, et 11 millions de chômeurEs et précaires. Face à cette situation, le gouvernement s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs en mettant en place des « réformes structurelles » comme celle de la loi travail XXL, qui produiront les mêmes effets : toujours plus de chômeurEs et de précaires, explosion des inégalités et hausse de la pauvreté d’un côté ; toujours plus de profits pour les entreprises et de cadeaux fiscaux pour les plus riches de l’autre.
Une seule solution : le bordel généralisé !
Le mécontentement contre la politique menée par Macron ne cesse de gagner du terrain. Les journées de mobilisation et de grèves de septembre et octobre ont montré qu’il est possible de nous battre massivement contre ce gouvernement. Mais à cette étape, cela n’a pas été suffisant pour faire exister et développer un mouvement social puissant. C’est pourquoi, face à ce gouvernement et sa politique de destruction de nos conquêtes sociales, il est indispensable d’ancrer la mobilisation et la grève partout, de faire converger les luttes de façon globale et unitaire, en réunissant organisations syndicales, associations et partis, pour la construction d’un mouvement d’ensemble contre la politique globale de ce gouvernement. Une première étape serait un appel à une même journée d’action de la part des intersyndicales interpros et fonction publique. Cela constituerait un rendez-vous essentiel à la construction d’un mouvement d’ensemble qui permettrait de gagner le retrait de la loi travail et des ordonnances, et de mettre un coup d’arrêt à ce gouvernement sur l’ensemble de sa politique qui ne favorise que les plus riches, les « premiers de cordée ».
Josephine Simplon