Motion présentée par le regroupement des réseaux «libertaires du NPA», «NPA action» et «non-alignés des bouches du Rhône» en vue de la CN et suite à la réunion nationale du 23 juin. Il s’agit de revenir au projet initial du NPA, de repartir sur de nouvelles bases et de trouver le moyen de retravailler ensemble quelles que soient nos appartenances à telle ou telle plateforme / tendance. C’est pourquoi nous proposons cette motion non contradictoire, au vote de l’ensemble des camarades qui en partagent la démarche, quelles que soient leur position sur les textes d’orientation soumis à la CN ; tout en laissant la possibilité aux assemblées électives qui le souhaitent de l’utiliser comme base de plateformes locales pour la désignation de déléguéEs.
Le point de départ que nous tentons de mettre en avant est avant tout basé sur l'idée que le projet fondateur du NPA, qui date d'il y a 4 ans maintenant, est toujours d'actualité:
«Nous voulons que le NPA fasse vivre le meilleur de l'héritage de celles et ceux qui ont affronté le système depuis deux siècles, celui de la lutte des classes, des traditions socialistes, communistes, libertaires, révolutionnaires.
Un parti qui hérite des luttes démocratiques et antifascistes. Un parti qui garde la mémoire des combats contre les dérives autoritaires et bureaucratiques qui ont terni les espoirs émancipateurs. Un parti qui se nourrit du féminisme, de l’anticolonialisme, de l’antiracisme comme des luttes contres toutes les discriminations. Un parti qui donne une tonalité clairement anticapitaliste à l’écologie politique radicale et une tonalité clairement écologiste à l’anticapitalisme. Un parti soucieux des aspirations individuelles à la reconnaissance et à la créativité face à l’uniformisation marchande de la vie quotidienne.»
Aujourd’hui, personne ne dira le contraire, le NPA, au sens de son projet ainsi synthétisé dans ses «principes fondateurs», n’est pas encore né. Le parti traverse une crise telle que la possibilité même de son existence semble remise en cause. Pourtant, les raisons qui nous ont menéEs à lancer le NPA sont plus que jamais d’actualité, aussi bien du côté de l’accélération des crises du capitalisme et des attaques qu’elle engendrent, que du côté des expériences faites par des mouvements de résistance de masse (Égypte, Tunisie, Grèce, Quebec, indignés, Occupy, etc.). La crise du NPA est donc bien d’abord une crise interne, celle de notre incapacité à porter réellement ce projet, autant dans la révolution nécessaire de son fonctionnement et de ses pratiques que dans l’élaboration d’un renouveau stratégique.
Le fonctionnement actuel de l’organisation en tendances quasi-pérennes n’a jamais été discuté et s’est imposé comme une évidence à l’ensemble du parti. Pendant ces bientôt quatre années, la cristallisation progressive des débats a dépolitisé et confisqué la parole des comités. Et dans un contexte de guerre de tranchée, il a été difficile de conjuguer des cultures politiques et des points de vue différents qui auraient pu être porteurs d’une ouverture à de nouveaux militantEs et à de nouvelles pratiques démocratiques.
Nous pensons donc qu’il ne s’agit pas seulement d’une question de réorientation pour le NPA mais plutôt d’une refondation afin de trouver les voies d’un nouveau type d’organisation, inventant des pratiques militantes renouvelées, ajustées à la perspective d’auto-émancipation des oppriméEs pour une société sans classes. La quête d’une forme politique rénovée, avec une main dans les institutions existantes (pas de refus de principe de la participation aux élections) et deux pieds et une autre main dans une mise à distance de la politique institutionnelle traditionnelle (mouvements sociaux, pratiques militantes radicales, expériences alternatives et pensées critiques, notamment).
En pratique, nous voulons un parti qui parte de ce que nous avons en commun et mette en débat le reste, en laissant le temps aux positions de se confronter et aux arguments de convaincre et de faire «bouger les lignes» des uns et des autres, pour poser au moins les bases de l'agir ensemble. Nous voulons ainsi un parti qui laisse le champ libre aux expérimentations, en tire des bilans, préfère se bâtir sur des campagnes communes plutôt que sur des différenciations préalables toujours plus excluantes.
C’est en entamant maintenant cette réflexion que nous aurons la possibilité de la mener en vue d’une fin: un débat éclairé d’orientations et de refondation, qui pourrait être proposé au vote du congrès.