Alors que le combustible nucléaire va s’épuiser, le nucléaire nous lègue des problèmes sanitaires et environnementaux que l’humanité devra supporter pendant des générations après l’arrêt du nucléaire.
Le projet CIGEO à Bure (enfouissement à 500 mètres de profondeur de déchets qui resteront très radioactifs pendant 100 000 ans) pose la question du pouvoir et de la démocratie.
Passage en force assumé
Le passage en force est assumé par le pouvoir politique : « On connait l’empire des médias et des réseaux sociaux ; tout cela a de grandes chances d’être déformé, au risque final qu’on ne puisse rien faire : toutes les démagogies sont possibles derrière de tels sujets » (Christian Bataille, PS, inspirateur de la loi sur les déchets nucléaires, porte-plume des exploitants nucléaires). Pour imposer l’enfouissement des déchets, l’appareil d’État dispose de la police et l’armée, comme il y a 40 ans à Plogoff et Creys-Malville pour imposer le nucléaire civil. Mais aujourd’hui l’industrie nucléaire entre dans une nouvelle phase stratégique : après 65 ans d’entreposage pour abaisser leur température, les déchets les plus radioactifs doivent être stockés « définitivement » à Bure pour libérer de la place aux suivants.
Un marché lucratif
En 2015, le gouvernement avait voulu introduire CIGEO dans la loi Macron « pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques ». Car le stockage des déchets est autant un gisement de profits que le traitement des déchets (Japon, Allemagne, Belgique, Suisse, Pays-Bas, Canada, Espagne, Italie… envoient tous leur combustible usé à l’usine Areva de La Hague). L’enjeu est économique mais aussi stratégique, car les filières de déchets sont les goulots d’étranglement de tout le cycle nucléaire civil et militaire. Politiquement, le gouvernement Macron ne fera aucun cadeau, malgré les réserves des experts de l’ASN et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) sur la dangerosité de CIGEO.
Pour un débat démocratique
Les décisions politiques imposées, dangereuses et irréalistes, sont guidées essentiellement par le profit des multinationales. Une preuve de plus qu’on ne peut garantir l’avenir de l’humanité sans sortir du capitalisme par l’expropriation des capitalistes et la mise en place de structures politiques et économiques qui permettent l’exercice du pouvoir par la majorité et non par une minorité, même « scientifiquement éclairée ». Les décisions doivent être prises dans la démocratie la plus large (débat public associant les habitantEs, les travailleurEs du nucléaire, de la radioprotection, les scientifiques…).
Dans l’immédiat, le NPA défend deux axes : l’arrêt du nucléaire pour mettre fin à la production de déchets et un entreposage « réversible » en surface plutôt qu’un enfouissement « définitif », pour permettre la mise en œuvre de solutions techniques préservant la santé et l’environnement des générations actuelles et futures.