En même temps que le scandale éclatait en Roumanie, à Tanger et dans plusieurs autres villes marocaines, des manifestations et actions se déroulaient contre les tarifs de l’eau, assainissement et électricité, pratiqués par Amendis, filiale marocaine de Veolia.
Des mobilisations avaient déjà eu lieu de nombreuses fois depuis que le contrat avait été signé avec l’entreprise française en 2002, sans aboutir ni s’amplifier.
« Amendis, rentre chez toi, Tanger n’est pas à toi ! »
C’est en commençant par un modeste rassemblement, fortement relayé par les réseaux sociaux, que la mobilisation a pu prendre de l’ampleur en octobre dernier. Le 17 du même mois, un quartier entier est plongé dans le noir par ses habitants en signe de protestation. Une semaine plus tard, c’est la place des Nations qui est envahie par des habitantEs portant toutes et tous des bougies, donnant au mouvement sa symbolique et son nom, l’obscurité ayant gagné de nouveaux quartiers de la ville.
Plusieurs milliers de personnes bravèrent les forces de l’ordre venues avec canons à eau et en nombre, afin d’empêcher les quartiers populaires de se joindre au rassemblement et à ce dernier de s’amplifier. « Amendis, rentre chez toi, Tanger n’est pas à toi ! », « Assez, c’est assez. Cela fait des années que nous manifestons contre cette entreprise », a déclaré Mohamed Tadlaoui, l’un des organisateurs de la manifestation. « Il est temps qu’ils s’en aillent et qu’une entreprise publique prenne le relais », rapporta l’agence de presse Reuters. Le mouvement gagna rapidement d’autres villes de la région sous le même contrat.
Rompre le contrat coûterait plus cher ?
à l’origine, toujours les mêmes maux : le tarif et une gestion vécue comme opaque. Alors que d’importantes mobilisations avaient vu le jour en 2011, des augmentations de tarifs furent tout de même votées juste avant le pic estival en juillet 2014. Le système des compteurs collectifs est aussi en cause, puisque plusieurs familles peuvent être branchées sur le même compteur, avec pour conséquence d’augmenter la facture et de sortir du tarif social.
L’ampleur de la mobilisation inquiéta suffisamment le roi Mohammed VI pour qu’il demande à son Premier ministre de mieux gérer ce dossier. Malgré de vagues promesses des autorités locales pour réviser le contrat, le renégocier, le 17 novembre devant le Parlement marocain, le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane marquait sa volonté de ne rien changer et de ne pas remettre en cause le contrat passé avec Veolia, arguant que rompre le contrat coûterait plus cher, litanie que les militantEs de l’eau connaissent bien également ici.
A ce jour, il n’y a toujours pas de suites favorables à la mobilisation, mais des appels récurrents à la solidarité en France se font en manifestant devant le siège de Veolia.