Au fur et à mesure de la montée vertigineuse des chiffres de l’épidémie Omicron, le protocole dans l’Éducation nationale s’allège de plus en plus. Conséquence inévitable : les contaminations à l’école explosent. Sans le dire, Blanquer et le gouvernement assument une politique de libre circulation du virus dans les établissements scolaires, peu importe les conséquences pour la santé des personnels, des élèves et de leurs familles.
Personne ne semble vraiment s’en émouvoir mais, depuis la rentrée de janvier, le ministère de l’Éducation nationale ne fournit plus les chiffres des élèves et personnels touchés par le Covid-19. Et les quelques statistiques parcellaires lâchés aux médias par Jean-Michel Blanquer sont largement contredites par le ministère de la Santé. Tout montre pourtant que le virus fait des ravages à tous les niveaux du système scolaire : 400 000 élèves contaminés rien que la première semaine. Les classes se vident et chaque enseignantE se demande avec appréhension quand viendra son tour d’avoir le covid.
La catastrophe sanitaire était pourtant largement prévisible, et beaucoup s’attendaient à ce que la rentrée du 3 janvier soit repoussée d’une semaine ou deux, le temps que la pression retombe, comme cela a été fait dans d’autres pays. C’était sans compter le déni de Blanquer et son obstination idéologique à maintenir les écoles ouvertes, quel qu’en soit le coût en termes de santé et d’épuisement des personnels.
Protocole et moyens fantômes
En effet, s’il faut reconnaître qu’il y a aussi de bons arguments en faveur du maintien de l’ouverture des écoles, il n’y en a en revanche aucun qui justifient que cela ait été fait avec une telle absence de moyens, et avec des protocoles aussi inapplicables que peu protecteurs.
Réduire à un test antigénique, puis un autotest, ou même rien du tout, la condition pour un retour en classe lorsque l’on est cas contact, c’est accepter de laisser le champ libre au virus dans les classes, tout en transformant le protocole en casse-tête pour les parents et les personnels chargés de l’appliquer dans les établissements scolaires.
Dans le premier degré, ce sont en particulier les directrices et directeurs d’école qui se retrouvent pris entre le marteau et l’enclume, face à des familles dans l’incompréhension. Ils et elles sont dépassés et passent leurs journées au téléphone et à scruter leur boîte mail tout en faisant classe, faute d’aides administratives, supprimées par Blanquer en 2018.
Dans le secondaire, ce sont les assistants d’éducation (AED) et les personnels d’entretien, au contact direct et régulier de dizaines voire de centaines d’enfants, qui sont depuis le début de la crise les parents pauvres des protocoles sanitaires. Devant gérer à la fois les changements incessants de protocoles, les cas de covid des élèves et les nombreuses absences des professeurEs contaminés, les vies scolaires sont au bord de l’explosion.
Exiger le respect de notre santé
Les quelques miettes accordées par Castex pour apaiser la colère des enseignantEs ne suffisent pas. Le temps des masques en coton et des fenêtres entrouvertes est révolu, il faut des FFP2 pour tous les personnels, des masques chirurgicaux (au moins) distribués aux élèves, des capteurs de CO2 dans toutes les salles. Il faut des embauches pérennes pour mettre fin à l’hémorragie persistante de remplaçanEs et pouvoir passer aux demi-groupes lorsque la situation sanitaire l’exige. Il faut embaucher des personnels sociaux et médicaux dans tous les établissements scolaires. Enfin, il faut accepter de replacer la santé avant le maintien de l’activité économique, avec des protocoles qui limitent vraiment les contaminations : fermeture des classes dès le premier cas, isolement des cas contacts et fin de la pression pour remettre au travail les malades du covid au bout de cinq jours seulement.
Le déni et l’inaction sanitaire n’ont que trop duré, il est temps de stopper une politique qui met en danger les élèves et les personnels.