Publié le Mercredi 20 septembre 2023 à 10h57.

Lutter contre la précarité dans l’Éducation nationale

Avec 20 % de contractuelEs, la précarité s’est installée de manière durable dans l’Éducation nationale. Si l’embauche précaire a été inventée pour détruire le statut de fonctionnaire, c’est aujourd’hui la continuité du service public d’éducation qui est mise en danger.

 

«Qui aurait pu prévoir » qu’il manquerait en cette rentrée au moins unE enseignantE dans près d’un établissement sur deux, alors que 16 % de places sont restées vacantes aux concours d’enseignantEs en 2023 ? Pas Gabriel Attal, qui affirmait qu’il y aurait unE enseignantE devant chaque classe. Le gouvernement a tout fait pour dégoûter les étudiantEs de devenir fonctionnaires enseignantEs : le nombre d’inscritEs aux concours est passé de 50 000 à 30 000 entre 2008 et 2020.

C’est dans ce cadre que les embauches de ­contractuelEs se multiplient. Entre 2020 et 2021, le nombre de professeurEs des écoles ­contractuelEs a augmenté de 38 %.

Des économies sur le dos des personnels

Contrairement aux fonctionnaires, les précaires risquent leur emploi en cas de refus des injonctions de leurs directions. Voilà un bon moyen de mettre la pression à tout le monde pour accepter les pires idées du gouvernement tout en faisant des économies. Les professeurEs des écoles ou certifiéEs gagnent en moyenne 2 695 euros net par mois, les contractuelEs sont en moyenne à 2002 euros net. Et encore, c’est une moyenne qui masque les inégalités de genre (temps partiels imposé ou subi) et de niveaux ­d’enseignement (les heures supplémentaires sont impossibles dans les écoles). Ces collègues, parfois recrutéEs en un quart d’heure, sont immédiatement mis devant les classes, sans formation. Si vous tenez six ans de multiples CDD sans discontinuité, alors vous aurez le privilège d’avoir un CDI… On ne compte plus les contractuelEs qui voient leurs contrats ne pas être renouvelés au bout de cinq ans, pour reprendre six mois plus tard (pendant ce temps ses élèves n’ont pas classe) et ainsi ­repartir à zéro.

Enfin, l’embauche de précaires, c’est aussi, pour l’institution, avoir des personnels non soumis aux règles collectives, notamment de mutation et d’affectation. Ce qui crée un déséquilibre dans les droits et une concurrence entre personnels en institutionnalisant une double entrée dans le métier : statutaire ou contractuelle. Et cela favorise bien sûr, la casse du statut.

Titularisation de touTEs les précaires !

Les luttes des personnelEs accompagnant les élèves en situation de handicap (AESH) ont gagné la possibilité d’être en CDI après trois ans de CDD. Mais le gouvernement ne veut pas rester sur une défaite. Il propose la fusion des AESH avec les surveillantEs (AED), assistant d’éducation) pour devenir des accompagnantEs de la réussite éducative (ARE) avec une augmentation des missions et du temps de travail. Alors qu’il faudrait créer un véritable statut de fonctionnaire pour ces personnelEs.

Il faut mettre fin au millefeuille des statuts et contrats, alors que les personnelEs font le même travail ! Nous revendiquons la titularisation immédiate de tous les personnelEs précaires. L’intersyndicale éducation (CGT, FO, FSU, SNALC, SNCL et Solidaires) appelle à une journée de grève le 3 octobre pour dénoncer les mesures contre les AESH et exiger un statut et des augmentations de salaires. Nous obtiendrons la fin de la ­précarité par nos luttes.