Après les annonces décomplexées de 2 600 suppressions de postes dans l’Éducation nationale, Blanquer a osé affirmer que c’est parce qu’il donnait la priorité à l’école primaire qu’il supprimait des postes dans le secondaire !
De qui se moque-t-on ?
Comme dans l’ensemble de l’éducation, l’école primaire est en souffrance. Pour les élèves comme pour les personnels de l’éducation le quotidien se dégrade et la « politique spectacle » du gouvernement n’est là que pour cacher cette réalité.
Le quotidien de l’école primaire, ce sont des classes surchargées avec des effectifs dépassant les 30 élèves par classe dans nombre d’écoles. Pour masquer cette réalité, Blanquer mène une grande campagne de communication autour des CP et des CE1 à 12 en éducation prioritaire. Sauf qu’il oublie de mentionner que le dédoublement de ces classes s’est fait à moyens constants. Résultat : les effectifs dans les autres écoles, ainsi que les effectifs dans les autres niveaux de classe en éducation prioritaire, ont augmenté. En REP + ce sont des CP à 12 mais des CM2 à 29 ! De plus en plus, on a l’impression que ces « CP à 12 » sont devenus un simple argument de campagne du gouvernement pour faire croire qu’il agit pour l’école. Mais l’arbre ne parvient pas à masquer la forêt de la pénurie budgétaire qui règne à l’école : classes surchargées, manque d’enseignantEs, non-remplacements…
Sélection dès le primaire
La France reste un des pays européens dans lequel les effectifs des classes à l’école primaire sont les plus chargés. Les premières victimes sont bien évidemment les élèves le plus en difficulté qui se font broyer par les processus de sélection sociale qu’opère le système éducatif français. Au total, la mise en place de la sélection à l’entrée de l’université, avec Parcoursup, n’est que la dernière étape de cette sélection qui sévit depuis la maternelle. Mais les victimes sont aussi les enseignantEs, dont la souffrance au travail est prégnante et qui ont sans cesse l’impression du travail mal fait lorsqu’ils sont dans l’incapacité de s’occuper de l’ensemble de leurs élèves. Cette souffrance au travail, ainsi que les bas salaires, entraînent à la fois une augmentation des démissions et une « crise de vocations » : les concours de l’Éducation nationale peinent à recruter des candidatEs. Mais, pour le gouvernement, c’est loin d’être un problème. C’est même un rouage de son plan. Pas assez d’enseignantEs titulaires, qu’à cela ne tienne : embauchons des contractuelEs. Comme dans le secondaire, la précarité se généralise… Et pour le gouvernement, c’est tant mieux, puisqu’il veut en finir avec le statut de fonctionnaire ! C’est bien cela la logique du projet CAP 22 qui est annoncé.
Vers la casse du statut d’enseignantE
De même, la prime pour les enseignantEs exerçant en éducation prioritaire autour de laquelle Blanquer a fait sa pub à la rentrée, est bien loin du cadeau présenté. Contrairement à la promesse de campagne de Macron, qui prévoyait une prime de 3 000 euros à tous les enseignantEs en REP +, une partie de cette prime sera versée « au mérite » ! L’objectif pour le gouvernement n’est pas la reconnaissance de la pénibilité de l’exercice du métier en éducation prioritaire mais c’est un moyen pour lui d’introduire la rémunération au mérite. Un premier pas important dans la casse du statut !
Et comment seront évalués les enseignantEs les plus « méritants » ? Le gouvernement ne l’a pas encore dévoilé, mais on peut craindre notamment que le mérite des enseignantEs se mesure aux résultats de leurs élèves face aux nombreuses évaluations mises en place par Blanquer… Des évaluations fortement décriées par les professionnelEs de l’éducation comme étant largement en contradiction avec les besoins des élèves, favorisant l’échec…
Résistance(s)
Comme dans le reste de l’éducation, des nombreux enseignantEs du primaire ont choisi de ne pas accepter ni les injonctions du ministre ni la dégradation des conditions de travail et d’enseignement pour les enfants accueillis dans les écoles. En cette rentrée, de nombreuses résistances existent contre les fermetures de classes, contre les effectifs chargés, contre le manque d’ATSEM ou encore en choisissant le boycott des évaluations imposées par le ministère. L’enjeu maintenant est de fédérer ces différentes luttes, souvent très locales, de les lier aux autres combats dans les collèges et les lycées contre le manque de moyens, aux mobilisations des étudiantEs contre la sélection à l’entrée de la fac. C’est seulement en regroupant nos forces que nous pourrons obtenir des créations de postes dans l’éducation pour qu’enfin nous puissions imposer des revendications comme « pas plus de 25 élèves par classe et pas plus de 20 en éducation prioritaire », pour que nous puissions imposer des salaires décents pour les enseignantEs et, à l’encontre d’une école de la sélection sociale, une éducation de qualité pour toutes et tous y compris les enfants d’ouvrierEs.