En avril 2014, la vente de la division énergie d’Alstom (usine de Belfort) à General Electric est annoncée par Patrick Kron, PDG d’Alstom, pour un montant de 13 milliards de dollars. Le ministre de l’industrie Montebourg est furieux car mis devant le fait accompli. Cette vente est le point d’orgue d’une « guerre économique » qui est exposée dans le livre le Piège américain de Frédéric Perucci.
Macron à la manœuvre
La réalité sous-jacente est très prosaïque. General Electric et Alstom étaient concurrents sur le marché des turbines et, plus généralement, sur la construction de centrales électriques, et GE souhaitait absorber Alstom division énergie. Par ailleurs Bouygues, actionnaire important d’Alstom, souhaitait se retirer. C’est dans ce cadre que Macron, alors conseiller auprès de la présidence de la République (Hollande), fait réaliser une étude confidentielle sur le changement de l’actionnaire de référence d’Alstom, qui aboutira à la vente à GE. Dans un scénario communicationnel bien rodé, GE s’engage à créer 1 000 emplois en France et à y maintenir les centres de décision.
Mais la loi capitaliste n’a pas été longue à se manifester : dans ces opérations, il y a celui qui achète et celui qui est acheté. En période de crise, comme c’est actuellement le cas pour le secteur des turbines à gaz, c’est ce dernier qui encaisse les conséquences des rationalisations capitalistes. Les 1 000 créations d’emplois se transforment en 1 000 suppressions de postes, et les investissements promis se sont envolés.
Logique actionnariale à courte vue
Macron, qui n’assume pas les conséquences de ses manœuvres, a envoyé son ministre Le Maire jouer le pompier face à la colère des salariéEs d’Alstom Belfort, avec l’évocation des pistes de diversification, dans l’aéronautique particulièrement. Misérable diversion qui ne trompe personne, car entre un réacteur d’avion et une turbine à gaz de plusieurs centaines de tonnes, il y a des points communs mais aussi quelques différences, et Safran et GE Amérique ont déjà leurs propres usines dans ce domaine…
Une fois de plus, la logique actionnariale à courte vue sacrifie les salariéEs et les sites industriels qui sont stratégiques et vitaux pour les habitantEs des territoires concernés.
Pour la défense des intérêts des salariéEs, le maintien de tous les emplois et des salaires constitue un objectif élémentaire. Les compétences du collectif productif d’ex Alstom énergie peuvent être mises en œuvre pour de nouvelles technologies propres, hors énergies fossiles destructrices du climat. Dans ce but l’expropriation des capitalistes ne doit pas être écartée.
De l’entreprise Alstom, « fleuron stratégique » de l’industrie française, qui recouvrait principalement la construction navale (Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire), l’énergie et le ferroviaire, il ne reste que ce dernier, dont l’avenir est incertain.
Jean-Paul Petit