Dès que la pandémie sera endiguée, les capitalistes veulent que les affaires reprennent, comme avant voire mieux pour ceux qui sortiront mieux armés de la crise.
La croissance du transport aérien avant le covid était de 5 % par an. Airbus vient de demander à ses sous-traitants d’augmenter de 18 % leurs capacités de production. Au-delà des avions commerciaux, n’oublions pas les hélicoptères et le secteur des drones en pleine expansion, sans oublier l’aviation militaire (Rafale et Airbus A400 transporteurs de troupes et matériel) ni l’aviation privée, secteur en pleine croissance.
Les ultra riches ne s’embêtent plus à faire la queue avec les gueux, ni subir d’humiliants contrôles. Ils ont leurs aéroports, comme le Bourget réservé à l’aviation dite d’affaires, où leur chauffeur privé vient les déposer et les prendre au pied de l’avion, et ils voyagent sans port du masque. L’aviation d’affaires a retrouvé, dès l’été 2020, le niveau d’avant covid.
Un avenir assuré
Dans la partie aviation commerciale, la stratégie patronale est de compter sur la mise en place d’un passeport vaccinal, relancer la croissance du transport aérien et alimenter tourisme mondial, transport rapide de marchandises lié à la commande par internet. Et relancer aussi les voyages commerciaux dont une partie a toujours partie liée avec des secrets d’affaires ou des pratiques de corruption, et donc ne peut pas passer par des vidéoconférences potentiellement surveillées.
Si les voyages restent encore limités, le chômage partiel permet d’attendre des jours meilleurs, et même de faire travailler plus ceux qui sont en activité. L’APLD (activité partielle de longue durée) permet de faire travailler sur les 3 ans à venir les salariéEs de façon partielle. Entre deux vagues Covid, on peut, par période de 6 mois, les faire venir quand on veut sur la durée qu’on veut : un rêve de patrons, pas de délai de prévenance et les heures manquantes sont payées par le chômage.
Pourquoi y a-t-il eu des plans de suppression d’emplois ? Parce que les patrons veulent faire évoluer, transformer l’emploi, pour augmenter la part de plus-value dans la richesse produite.
Baisser les salaires
On fait partir les anciens qui coûtent cher, et on embauche des jeunes avec des salaires plus faibles, avec une partie qui travaille quasi gratuitement avec les contrats d’apprentissage qui vont jusqu’à bac + 5 et ne débouchent pas toujours sur une embauche. Dans les sociétés de sous-traitance aéroportuaires, beaucoup d’emplois (bagagiste, activités de guidage au sol, embarquement des passagers) sont effectués par des salariéEs peu qualifiés, et souvent fatigués après des années de travail, souvent accidentogènes et pénibles, avec aussi des horaires décalés, 7 jours sur 7, qui attaquent la santé.
On impose des contrats plus précaires, parfois à durée déterminée. On utilise l’intérim qui a été bien pratique pour remercier plusieurs milliers de salariéEs sans indemnités au début de la pandémie de covid.
On augmente le temps de travail : des accords dits de performance sont proposés, signés à Air France par exemple, qui suppriment trois jours de congés annuels. Les mesures covid permettent aussi de reporter la coupure repas en fin de vacation et de gagner de la productivité. À Aéroport de Paris, un préavis de grève du 1er au 4 juillet est déposé contre un plan d’augmentation du temps de travail et de baisse des salaires.
Réorganiser le travail
Les capitalistes veulent imposer de nouvelles organisations du travail, basées sur les outils informatique. Les emplois de petite maîtrise sont supprimés, au technicien de s’organiser avec son nouvel outil : une tablette reliée par Wifi, sur laquelle le travail va lui être communiqué, à lui de se débrouiller pour commander les pièces et ingrédients, suivre les instructions et cliquer dès que son travail sera fini pour s’en voir attribuer un autre. À l’atelier réacteurs d’Orly des équipes commencent à travailler sans chef. En autogestion comme ils disent, sauf que les objectifs et rythmes de production sont définis par ailleurs.
Évidemment l’écologie reste un gadget pour nos patrons. Les mesures d’interdiction des vols pour des trajets de moins de deux heures par le train ont surtout servi les intérêts d’Air France qui veut regrouper toutes ses activités à Roissy, et laisser les créneaux libérés à Orly à sa filiale low cost Transavia pour développer le trafic court et moyen courrier, Europe et Méditerranée.
Si on peut imaginer dans l’avenir une société plus écologique où le transport aérien sera limité, la question demeure la bataille pour la création de milliers d’emplois dans l’aéronautique, emplois bénéficiant du même statut et de vraies protections sociales.