1905 voit se déployer en Russie un vaste mouvement révolutionnaire mêlant grèves de masse, révoltes paysannes et mutineries, violemment réprimé par le régime tsariste.
La révolution de 1905 en Russie débute le 9 janvier (ancien calendrier) par une manifestation pacifique de 100 000 travailleurEs à Saint-Pétersbourg venant remettre humblement une pétition au tsar. L’autocratie tsariste ultra-réactionnaire fait un carnage : un millier de morts, c’est le « dimanche rouge ». Le divorce entre le régime et la population est dès lors consommé.
Des grèves de plus en plus radicales
La révolution est rythmée par les vagues de grèves ouvrières qui portent des revendications démocratiques de plus en plus radicales : la première vague en janvier-février s’étend à tout le pays (500 000 grévistes), la deuxième vague en mai-juin, moins importante mais qui prend un cours insurrectionnel, touche plus les régions périphériques habitées par des minorités nationales opprimées (la Russie tsariste, « prison des peuples »), la troisième vague en octobre-décembre (1 million de grévistes, c’est « la révolution d’octobre » 1905) débouche sur une situation de double pouvoir à Saint-Pétersbourg avec le soviet ouvrier.
Révoltes dans la paysannerie et l’armée
Parallèlement, la paysannerie, spoliée par la réforme agraire de 1861, se soulève, avec deux pics, l’un en juin (500 émeutes), l’autre en novembre-décembre (1 400 émeutes). Les paysans brûlent des châteaux, se partagent les terres des grands propriétaires fonciers, surtout dans la province de Saratov, le Caucase et les provinces baltes. Avec le désastre militaire subi par l’empire russe dans la guerre qui l’oppose à l’impérialisme émergent du Japon pour le contrôle et la colonisation de l’Extrême-Orient asiatique, les mutineries dans l’armée se multiplient, la plus célèbre étant celle du cuirassé Potemkine dans le port d’Odessa.
Une répression féroce
Le régime tsariste laisse passer l’orage, lâche un peu de lest avec une douma (assemblée consultative élue au suffrage indirect et censitaire). Puis il réprime férocement l’insurrection de Moscou fin décembre 1905, les émeutes paysannes en mai-juin 1906, les mutineries de Helsinki et de Kronstadt en août. Notoirement antisémite, il fomente des pogroms. La révolution de 1905 est finalement vaincue. Elle constitue une sorte de « répétition générale » pour la révolution de 1917 qui renversera « le maillon faible » de l’impérialisme.