Publié le Mercredi 16 juillet 2025 à 11h38.

La violence coloniale

Les conquêtes coloniales de l’Allemagne se menèrent tardivement, la construction de la nation allemande ayant elle-même été tardive.

Le Chancelier Bismarck était peu intéressé par des aventures coloniales, préférant utiliser énergie et argent dans la consolidation du pays. De plus, la constitution d’un empire exigeait une marine efficace que ne possédait pas encore le pays. Enfin l’ensemble des territoires qui auraient pu être conquis facilement étaient déjà occupés par d’autres puissances européennes. 

Traité de Berlin de 1885

À partir de 1880, les industriels et grands commerçants à la recherche de nouveaux débouchés font pression pour que l’Allemagne se lance dans « l’aventure coloniale ». C’est avec le traité de Berlin de 1885 qui officialise les possessions africaines des pays européens, que Bismarck réussit à récupérer quelques territoires. Ainsi, les pays actuels comme le Togo, le Cameroun, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie et la Namibie vont tomber dans l’escarcelle germanique.

À l’image des autres pays européens, les colons allemands expulsent les habitantEs de leurs terres, réquisitionnent leur bétail et usent de la violence envers les populations. 

Une révolte réprimée

En Namibie, une révolte des Herero éclate en 1904, conduite par Samuel Maharero, puis rejointe par une autre population, les Nama. Historiquement ces deux communautés pastorales ont souvent été en compétition pour l’accès aux pâturages. 

Les guerriers s’en prennent aux colons mais épargnent femmes et enfants. 

Les autorités allemandes, de leur côté, envoient Lothar von Trotha, un officier spécialisé dans les répressions coloniales qui s’est illustré dans la répression en Chine contre les boxers. 

Grâce à l’infanterie marine, la révolte est écrasée et s’ensuit une terrible répression. 

Volonté d’extermination

Les soldats de l’unité militaire des colonies africaines de la Schutztruppe reçoivent un ordre d’extermination : « à l’intérieur des frontières allemandes, chaque Herero, avec ou sans armes, avec ou sans bétail, sera abattu. Je n’accepte plus ni les femmes, ni les enfants ; ils seront reconduits vers leur peuple — ou fusillés. » Ainsi les populations sont poussées vers le désert du Kalahari, les puits sont empoisonnés et une grande majorité meurent de soif et de faim.

Ceux qui se rendent sont acheminés par train vers les camps de concentration, où la plupart meurent de maladie ou d’épuisement suite aux travaux forcés. Certains sont victimes d’expériences « médicales » pratiquées par un certain Eugene Fischer, qui aura plus tard comme assistant le sinistre Josef Mengele.

Des membres d’autres communautés seront aussi massacrées comme les Damara et les San. Ce génocide est clairement assumé par Von Trotha se vantant d’avoir le soutien de l’empereur Guillaume II. Il déclarait : « Je détruis les tribus insurgées dans des fleuves de sang et d’argent. C’est seulement sur un tel terrain que la semence pourra prendre, que quelque chose pourra pousser ».

On considère que 80 % de la population des Herero et 50 % des Nama ont été exterminés entre 1904 et 1908.