Publié le Mercredi 18 juin 2025 à 08h49.

Les thérapies de conversion, l’arme des réactionnaires

Récemment, une initiative citoyenne européenne visant à interdire les thérapies de conversion dans l’Union européenne a été signée par plus d’un million de citoyennEs.

 

Si ce seuil oblige la Commission européenne à répondre à cette initiative, rien ne l’oblige à la transformer en un nouvel acte juridique européen. Aujourd’hui, ces pratiques sont proscrites dans seulement 7 pays de l’Union européenne, dont la France.

Contre la correction des déviances

Les thérapies de conversion sont un ensemble de pratiques pseudo-scientifiques réalisées dans l’objectif de « changer » l’orientation sexuelle ou l’identité de genre de la personne, le plus souvent des enfants. Elles découlent de l’hypothèse que toute sexualité non hétérosexuelle ou toute identité de genre minorisée relèveraient de troubles mentaux que la psychiatrie et la psychanalyse pourraient guérir.

Souvent dispensées sans le consentement éclairé de la personne qui les subit, elles peuvent prendre plusieurs formes : séances d’exorcisme, privation de ­sommeil, ­injection d’hormones, et même des pratiques très agressives telles que le traitement par électrochocs ou la lobotomie.

Ces thérapies sont violentes, dangereuses, et laissent des séquelles psychologiques et parfois physiques durables chez les personnes qui en sont victimes.

La mise en place de ces thérapies de conversion, conçues pour imposer les normes cis-hétérosexuelles, relève d’une volonté de corriger les modes de vie LGBTI considérés comme des déviances de l’ordre patriarcal et ­capitaliste.

Les classifications changent, mais pas partout

La France a retiré l’homosexualité de sa classification des maladies mentales en 1992, deux ans après l’OMS (Organisation mondiale de la santé). La déclassification de la transidentité de la catégorie des affections psychiatriques de longue durée intervient en 2010, 12 ans avant l’OMS. La loi du 31 janvier 2022 interdit les pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne, autrement dit les thérapies de conversion. Cette interdiction législative n’empêche pas des groupes religieux de mettre en place ces actes de torture. Torrent de Vie et Courage, deux associations chrétiennes, réalisent des thérapies de conversion, soutenues par certains diocèses sans qu’aucune condamnation pénale n’ait eu lieu.

Dans de nombreux pays, les thérapies de conversion sont toujours tolérées et acceptées, bien qu’un rapport du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU de 2020 les considère « assimilables à de la torture ». Au Royaume-Uni, 18 % des personnes LGBT+ ont été soumises à des tentatives de conversion d’après l’étude Galop en 2023. Aux États-Unis, l’État du Colorado a adopté en 2019 une loi interdisant ces thérapies sur les personnes mineures, mais cette loi est aujourd’hui contestée devant la Cour suprême américaine qui pourrait autoriser ces pratiques dans l’ensemble du pays. Certains États promeuvent même ces pratiques. En Chine, les hôpitaux pratiquent l’électrothérapie ou l’hypnose pour guérir de l’homosexualité ou de la transidentité.

Si la pétition européenne a le mérite de visibiliser ce phénomène, seules des mobilisations massives peuvent amener à des changements sur de tels sujets. Ce mois des fiertés est l’occasion de se saisir de cette question, afin d’élaborer des revendications pour protéger les jeunes LGBTI, en France comme à l’international.