Publié le Mercredi 17 juillet 2024 à 11h08.

Orbán aux manettes du Conseil européen

Hasard du calendrier, au moment même où les partis d’extrême droite font une percée significative en Europe, la présidence tournante du Conseil européen revient depuis le 1er juillet à la Hongrie.

 

En effet, à tour de rôle, chacun des pays membres de l’UE assume la présidence du Conseil pendant six mois. Il s’agit d’assurer la continuité des programmes adoptés précédemment et de conforter la coopération entre les États et celle avec la Commission et le Parlement européen. 

Le rôle de la présidence tournante

La présidence tournante planifie et préside les réunions du Conseil européen. Le rôle du président c’est d’être un négociateur intègre et neutre pour tenter de dégager des accords entre les différentes instances. Mi-médiateur, mi-secrétaire politique. Une partie des orientations qui font consensus entre les 27 États et qui devront avancer pendant ce mandat, comme la restauration de la compétitivité des entreprises au sein de l’UE ou l’augmentation des capacités de la défense européenne, ne sont pas pour déplaire à Orbán et il s’ingéniera à obtenir des résultats. Car, plus de compétitivité, c’est plus de profit, ça passe toujours par « la baisse du coût de la force du travail », soit notre surexploitation ! Davantage de défense européenne, c’est aussi le ­développement de l’industrie d’armement. Plus de profit, plus de sécurité et de répression, cela convient bien à cette présidence ­hongroise.

« Make a great Europe » par Orbán… et Orwell ?

L’opposition de Viktor Orbán à l’UE est telle qu’il l’affiche dès son entrée en fonction en se moquant totalement des règles européennes. Il s’organise une « mission de paix en Ukraine » et rencontre les dirigeants de Kiev, Moscou et Pékin. Il n’a bien sûr aucun mandat. À contre-courant des positions de l’UE, il affiche ses connivences politiques avec Poutine contre les sanctions européennes à son encontre, contre les livraisons d’armes à l’Ukraine et conforte leurs connivences idéologiques et économiques. L’ultra mollesse de la réaction des institutions européennes face à ce coup de force en dit long sur leur faiblesse…

Orbán prévoit également de durcir le pacte européen de la migration déjà scandaleux, de revoir les conditions d’adhésion à l’UE afin d’essayer de bloquer celle de l’Ukraine et de restaurer la famille traditionnelle soit, pour le dire brutalement, organiser le retour des femmes au foyer où elles seraient plus utiles à élever de nombreux enfants européens. Sans oublier que la restauration de la famille traditionnelle, c’est aussi la chasse aux LGBTI+. Son projet c’est une Europe toujours plus libérale, réactionnaire, raciste, sexiste et militariste. 

À condition qu’il ne remette pas en cause le grand marché européen et qu’il aille plus loin que le pourraient « les démocrates » européens sur la chasse aux migrantEs ou le développement de sociétés réactionnaires et répressives, cet illibéral patenté ne sera pas sanctionné. De son côté, Orbán sait aussi qu’il ne peut rompre totalement avec cette UE qui lui fournit les aides dont il a énormément besoin. Au fond, un fasciste utile contre les peuples et leurs aspirations !