Éditions Divergences, 2021, 112 pages, 14 euros.
Michel Foucault dans entretien avec Jean-Paul Brodeur en 1976 à Montréal aborde la question des alternatives à la prison comme autant de prolongations de la prison dans la société du dehors, avec tout ce que cela implique en termes de surveillance, de contrôles, d’acceptation sociale et personnelle de cette extension de la pénitentiaire au dehors des murs.
Il y affirme des positions très précises sur la nature de classe de la prison, de l’enfermement, des politiques pénales, qu’il décrit comme étant au service d’un groupe social au détriment d’un autre groupe qu’il opprime. Il avance l’idée selon laquelle le pouvoir aurait besoin de la délinquance, et que la prison lui sert à l’entretenir afin qu’elle puisse continuer à lui rendre de multiples services.
Il introduit le terme des illégalismes, et indique que la position des unEs et des autres face aux arrangements avec la légalité est là encore fonction de l’appartenance à un groupe social, et que la relative mansuétude dont bénéficient certainEs est directement fonction de leur position sociale.
« Le vrai problème est : quelles sont les différences que vous, les gens au pouvoir, vous établissez entre les différents illégalismes ? Comment vous traitez les autres et comment vous traitez ceux des autres ? À quoi vous faites servir les différents illégalismes que vous gérez ? Quel profit vous tirez de ceux-ci et de ceux- là ? » Quelle actualité à ce texte !
Plusieurs contributions « sur Foucault » complètent l’essai, sous la plume de Sylvain Lafleur, Tony Ferri ou Anthony Amicelle.