Les derniers mois ont mis en lumière le gouffre entre nos exigences sociales, démocratiques et les notables qui siègent dans les institutions dites démocratiques, Parlement et gouvernement. Difficile de faire pire en si peu de temps.
Les institutions sont-elles démocratiques ?
La loi El Khomri était aux antipodes des piètres engagements de campagne de Hollande, mais son gouvernement minoritaire l’a imposé avec le 49.3, contre la volonté de la majorité de la population, et sans même trouver de majorité suffisante à l’Assemblée nationale.
Cette année 2017 sera « présidentielle ». Comme tous les 5 ans, l’État va nous demander de choisir le monarque républicain et les députés. L’État français dispose au contraire d’un des systèmes les plus antidémocratiques : un président « homme providentiel » élu au suffrage universel, disposant de l’essentiel des pouvoirs, un gouvernement pouvant imposer ses décisions exécutives par le 49.3, une Assemblée élue sans aucune représentation proportionnelle, un Sénat élu par des notables...
Les élus sont la plupart du temps des politiciens professionnels pour qui les responsabilités politiques sont autant de jalons de carrière, avec souvent au passage un enrichissement personnel fait de petites ou grandes magouilles. Les Dassault, Cahuzac, Balkany, Thévenoud, Sarkozy sont à l’image d’une oligarchie politique qui ignore le prix d’un pain au chocolat... mais connaît toutes les subtilités des fraudes financières !
Les représentants du « peuple souverain » sont évidemment essentiellement des hommes (74 %), pratiquement jamais issus des classes populaires (2 % d’ouvriers et employés dans l’Assemblée actuelle). Ils viennent des couches sociales « supérieures », dans des milieux sociaux et professionnels bien éloignés de ceux de la grande majorité de la population…
Tout ce système est aussi construit pour qu’ils échappent à tout contrôle populaire, à commencer par leur élection. En 2012, aux législatives, à eux deux, le PS et l’UMP avaient recueilli la moitié des votes (et avec l’abstention un électeur sur trois...). Mais ces deux partis se sont retrouvés avec 82 % des sièges ! En 2007, l’extrême gauche avait obtenu 3,44 % des voix, ce qui aurait permis avec la proportionnelle (comme dans l’État espagnol) d’obtenir 19 députés…
Par ailleurs, plus de 3 millions d’adultes étrangers qui vivent et travaillent en France n’ont pas le droit d’élire les députés.
Ce système est aujourd’hui à bout de souffle tant est grand le discrédit, l’usure de ces partis qui ont servi pendant des décennies les intérêts des grands groupes capitalistes.
Quelles sont nos exigences élémentaires ?
La première exigence démocratique est de balayer ce système corrompu. Nous défendons des exigences démocratiques élémentaires : suppression de la présidence de la République et de ses pouvoirs exorbitants, suppression du Sénat (cette assemblée de notables élus par les notables), proportionnelle intégrale, droit de vote à toutes les élections pour les résidents étrangers, interdiction du cumul des mandats et de plus de deux mandats consécutifs dans la même fonction, indemnité correspondant au salaire moyen d’un ouvrier ou d’un employé (actuellement 2 300 euros brut par mois... alors qu’un député touche 13 500 euros brut par mois, sans compter le paiement des collaborateurs, la gratuité des transports et des frais de communication, son bureau au palais Bourbon…).
Pour mettre en œuvre cela, une exigence démocratique élémentaire est de mettre à bas la Constitution de la Ve République, imposée sans le moindre débat après le coup d’État de De Gaulle en 1958.
Mais ces exigences démocratiques élémentaires imposent aussi de s’attaquer aux lieux réels de pouvoir. Les banques, les grands groupes capitalistes, dont les dirigeants ne sont désignés que par leurs plus gros actionnaires détiennent un pouvoir bien plus réel que les assemblées élues. De même, dans les entreprises, les salariés perdent tout droit : ils sont soumis à l’autorité et à l’arbitraire patronaux.
Peut-il y avoir une rupture démocratique sans rupture avec le capitalisme ?
Les capitalistes s’arrogent le droit de licencier, de fermer des unités de production, de bloquer des salaires, de développer des productions polluantes, sans rendre compte à quiconque. Face à cela, nous devons remettre en cause le pouvoir patronal, à commencer par la propriété privée des moyens de production qui enlève à la population la maîtrise des richesses produites et des choix de production. La démocratie, ce n’est pas choisir tous les 5 ans des représentants, c’est être maître au jour le jour des décisions vitales pour sa vie quotidienne dans l’entreprise, la ville, le quartier, sans déléguer ce pouvoir à de prétendus experts ou spécialistes.
Enfin, une rupture démocratique impose de s’affranchir de la tutelle des règles et des institutions de l’Union européenne qui n’ont pour seul but que d’imposer les décisions et les choix des banques et des grands groupes capitalistes européens. L’exemple grec nous a suffisamment montré que pour ces dirigeants, les droits d’un peuple s’arrêtent là où leurs intérêts sont mis en cause.