Alors que la campagne de Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) contre l’apartheid et l’occupation israéliens bat son plein, le débat sur son opportunité a lieu de manière très parcellaire, essentiellement par tribunes de presse interposées. Ce livre arrive donc à point nommé ; il permet d’installer la campagne dans le débat intellectuel et offre enfin aux lecteurs un argumentaire complet en faveur du BDS. Reflet des « expériences collectives accumulées depuis la fondation du mouvement », le livre est composé d’articles rédigés entre 2005 et janvier 2010 (classés par thèmes), et évite difficilement l’écueil de la redondance. Mais cette forme permet aussi à Barghouti de déployer une large gamme d’arguments, conforme à la nature d’une campagne qui « met en avant une approche nouvelle de la question de la Palestine » à travers trois principes essentiels : « l’attention portée au contexte, la progressivité et la ténacité ». Là réside l’intérêt principal d’un ouvrage dont le propos se situe essentiellement sur les domaines opérationnel et stratégique ; l’auteur rappelle ainsi que « le mouvement BDS ne prend pas position sur la question de la solution politique et se tient à l’écart du débat un État/deux États […] ». Enfin, sur la manière de mener le BDS, à travers la promotion d’un boycott général de tous les produits et services israéliens, le chorégraphe et philosophe Barghouti insiste particulièrement sur le boycott de « toutes les institutions israéliennes universitaires, culturelles et touristiques qui sont complices du maintien de l’occupation et de l’apartheid ». Sur ce dernier point, ses arguments sont nombreux et convaincants. « Le monde ne peut plus continuer à regarder les bras croisés. C’est pourquoi BDS, et BDS maintenant. » Rafik Chekkat
La Fabrique, 250 pages - 14 euros