La première histoire de l’économie en BD, Michael Goodwin, illustrations de Dan E. Burr, Les Arènes, 2014, 22,90 euros
L’économie en BD est une idée qui a fait son chemin. Ces auteurs américains nous en proposent un « sommet » réjouissant. Comment expliquer dans le même mouvement la dynamique du capitalisme et la pensée économique qui l’a accompagnée ? Des mercantilistes aux néoclassiques en passant par Adam Smith, Thomas Malthus, David Ricardo et Karl Marx ? C’est le défi que nos auteurs ont relevé et leur propos est très pédagogique et passionnant.
De façon ironique et décapante, le dessin de D.E.Burr illustre les théories foireuses des libéraux qui ne cherchent qu’à justifier l’enrichissement d’une minorité au détriment du plus grand nombre. L’ouvrage, traduit de l’américain, nous raconte surtout l’histoire de l’économie des États-Unis, du pouvoir des trusts au début du 20e siècle à la crise des subprimes et aux enjeux du traité transpacifique. Les leçons tirées sont-elles applicables à l’économie française et internationale ?
Le ton du livre est résolument progressiste sur le plan politique et hétérodoxe sur le plan économique. Le propos reste clair tout au long. La pensée économique y fait des incursions régulières où Keynes et Friedman s’y affrontent régulièrement, sans obscurcir le déroulement implacable de lois économiques finalement bien peu scientifiques. Les textes plein d’humour transforment l’économie en une histoire amusante et accessible à tous.
Une critique féroce du capitalisme libéral
BD ou pas, l’ouvrage est épais et nécessite des allers-retours du lecteur vers les différentes théories ou époques historiques. Les auteurs ont bien compris la difficulté en panachant l’ouvrage de rappels et en offrant un glossaire des principaux concepts économiques, ainsi qu’un index pour les principaux faits ou personnalités historiques. Un vrai manuel économique, non pas pour les nuls, mais pour ceux qui pensent que seule la critique de l’économie politique peut permettre d’ouvrir une voie à la mobilisation contre un système de pillage des hommes et de la planète. Vous ressortirez rincés de ces 320 pages et avec une seule certitude : en économie, il n’y en a pas, de certitude... mais les périodes de forts impôts pour les plus riches ont toujours été bénéficiaires à l’enrichissement du plus grand nombre et porteuse de progrès social !
Les auteurs ne sont pas marxistes, juste keynésiens, mais leur critique du capitalisme libéral est féroce et l’ouvrage se conclue par un appel à l’action optimiste car « résoudre un problème économique a forcément une corrélation avec les autres ». Une opportunité de mettre au pas les banques et les trusts, comme lors du krach de 2008, se représentera forcément et c’est à nous de nous y préparer pour l’avenir de la planète ! La lutte de classes est illustrée de façon très humoristique et souvent par des coups de pied au cul d’un camp vers un autre. Les erreurs des nos grands anciens (Marx, Engels, Lénine, Trotski) sont largement évoquées jusqu’à l’occultation du testament de Lénine.
Un ouvrage à mettre dans toutes les mains et que l’on peut prolonger sur le site de l’auteur.
Sylvain Chardon